Les dimanches d’Alexandrine de Césure (1)

Publié le par Patricia Gaillard


 

Vous l’avez remarqué, j’aime la rime. Quand j’écris quelque chose, je dois même lutter pour ne pas entrer dans le rythme des douze pieds, car j’y reste volontiers et vous n’imaginez pas comme c’est berçant. Je vais donc vous présenter Alexandrine de Césure, un personnage avec lequel je laisse libre cours au rythme qui me vient.
Et si cette dame devenait nos rendez-vous des dimanches ?

savez-vous ce qu’est un bénitier de fée ? C’est le dessus creux d’une souche ou d’une pierre, dans lequel  la pluie et la rosée demeurent. Ce bassin minuscule, qui reflète la lune, moussu, champignoneux et habité d’insectes, s’appelle un bénitier de fée 

 

Alexandrine de Césure et le bénitier de fée
 

Chaussée coquettement de ses douze souliers 

Alexandrine surgit dans la nuit étoilée

Sous ses pas les mousses tendres et lierres rampants

Font un tapis douillet tiède et murmurant

Et la belle  s'envole telle une mouche

Sans manière se pose sur une souche

Dans laquelle s'est creusé un bénitier de fée

Elle y ôte sa douzaine de souliers

Trempe ses pieds nus dans ce bassin sacré

Un têtard dérangé lui fait bien remarquer

Que jamais une fée n'a été insolente 

Au point de tremper là soixante doigts de pieds

"Ce bénitier est pur, madame, vous rêvez

À oser poser petons de mécréante

Dans l'eau qui vient des pluies et des rosées

Qui se voit réservée exclusivement aux fées"

Alexandrine, piquée... et mécontente

Rétorque à cet animal ridicule

"Vous n'êtes fée non plus, mais la fille hargneuse

D'une batracienne gluante et visqueuse

Qui a osé accoucher de sa virgule

Dans ce creux hautement mythologique

Un comble, un blasphème écologique !"

Mais voici que notre poétesse glisse

Et qu'un pied des douze écrase le têtard

Qui se retrouve à présent plat et lisse

Comme pourrait l'être un papier buvard

Soudain une fée, portant une serviette

Arrive par un sentier, guillerette

Alexandrine met ses douze souliers

Pêche entre deux doigts la bête inanimée

Et file vite sans attendre de suite 

 

Aristocrate, poète et artiste, oui

Mais devant l'autre monde sans aplomb, je le dis... 

 

la gaillarde conteuse 

 

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