Le Mardi des souvenirs 17
Ma petite mère était née en 1912. Elle n'est plus de ce monde, et quand je pense à elle, des souvenirs me reviennent, son goût par exemple pour la littérature romantique. Elle avait formé avec mon père un couple au chemin compliqué, abîmé par la guerre et par d'autres choses tristes. Mais elle avait rêvé d'amour et continuait à en rêver. Ses lectures étaient des ouvrages en allemand gothique, décorés de roses rouges et d'amoureux enlacés aux regards pleins d'étoiles. Parfois, le Dimanche, elle m'emmenait voir un film à l'eau de rose, au cinéma Le Vox, à Mulhouse. Il n'était pas loin, nous y allions à pied, et je me souviens bien du plaisir que ma mère ressentait à l'idée du film qui l'attendait. Ces films ne me plaisaient pas vraiment, je trouvais les histoires d'amour ennuyeuses et il y avait bien trop de roses rouges.
Mais ce trajet vers le ciné, la joie de ma chère Irma, ce moment partagé devant le film suffisait largement à mon bonheur.
Apprenez que dans un des chers romans d'Irma, une princesse s'appelait Patricia, elle m'a appelée comme ça. Mon chemin de conteuse a démarré dans l'eau de rose !
la gaillarde conteuse