Le Mardi des souvenirs 20
Au temps de l'école maternelle, je m'y rendais seule, à pied, comme presque tous les enfants du quartier. J'aimais ce que je croisais, les voisins, la pluie, quelques anciens sur des bancs, autour de l'église, qui papotaient, un ou deux chiens que je connaissais. Je savais par cœur bien sûr le trajet de l'école à ma rue Voltaire.
Ma meilleure copine s'appelait Blanche. Un jour elle m'a demandé de venir chez elle après l'école. J'ai dit oui. À 16h je l'ai suivie, elle connaissait son chemin bien sûr, moi non et au moment de repartir je me suis retrouvée perdue.
Ma maman m'avait souvent dit :
"Si un jour tu te perds, va trouver un policier et dis-lui ton nom et où tu habites"
À cette époque-là, vers le soir, à chaque grand carrefour, un policier faisait la circulation. Je n'ai pas eu de peine à le trouver. Je l'ai appelé depuis le trottoir (prudente) il a quitté sa place, avec son bâton blanc, pour venir à moi.
"Monsieur le policier, je suis perdue, il faut que tu m'emmènes chez moi, 21 rue Voltaire." (même pas impressionnée)
Je me souviens qu'il a souri. Puis il m'a pris la main et nous avons marché tous les deux jusqu'à chez moi. À aucun moment je n'ai eu peur, aucune crainte ni aucun doute ne m'ont traversée. Pendant le trajet je lui ai raconté ma vie. Arrivés à l'appartement, nous avons frappé, maman était contente de me voir enfin, mes sœurs étaient autour d'elle et me regardaient avec des yeux ronds (quand même culottée la petite)
Maman a bien remercié le policier qui lui a dit :
"Votre petite fille m'a raconté toute sa vie !"
Tout le monde a ri.
À partir de ce jour-là je n'ai plus fait de détour après l'école...
la gaillarde conteuse