Il est court ce récit, mais il ne vous laissera pas sur votre faim. Il me rappelle une phrase d'Oscar Wilde : "Nous sommes tous dans le caniveau, mais certains regardent les étoiles."
N'oubliez pas de regarder les étoiles. C'est le solstice d'hiver, la nuit prochaine sera la plus longue.
et voici cette petite histoire...
Six bûcherons, des plus rudes, tentent de soulever un arbre immense qu’ils ont abattu. Malgré leur remarquable force, ils en sont incapables. Mais soudain l’un d’entre eux, sautant sur le tronc, se met à chanter. Et voilà que les cinq, portés par le chant du sixième - toujours debout sur le fût colossal - parviennent à bouger l’arbre. Telle est la condition de l’artiste : il est un poids de plus pour l’humanité, il ne produit rien, mais il donne une force.
C’est demain Dimanche 29 novembre, quatrième Dimanche avant Noël, que commence le temps de l’Avent. Et non le 1er Decembre, comme pourraient nous le faire croire les calendriers de l’Avent de nos enfants.
L’avent : du latin adventus : arrivée, comptabilise les semaines qui mènent à la naissance de Jésus. Cette période et cette couronne, choisies par les religions chrétiennes comme symboles de l’attente de cet avènement, revêtent aussi un sens symbolique païen, simplement lié aux cycles de la nature et à la marche vers le solstice. La forme ronde représente le soleil, le rouge évoque le feu donc la lumière, le chiffre quatre symbolise les quatre périodes de la vie, les quatre points cardinaux et les quatre saisons. Le vert de la végétation parle de l’espoir que l’on place dans les longs mois austères de l’hiver. La lumière et le végétal, le rouge et le vert, sont censés nous protéger des esprits obscurs et malfaisants.
Demain, dès le matin, je plongerai dans la brume pour trouver des baies d’aubépine, de lierre et d’églantine qui accompagneront l’osier, les branches rouges de cornouiller et de conifères ainsi que les quatre bougies, dont deux vertes et deux rouges. Tout cela deviendra notre couronne de l’Avent de cette année.
Je reviendrai lundi pour commencer à vous parler de mille manières de cette période qui commence demain et qui va s’étirer jusqu’au 6 Janvier, car demain, vous le savez, est le jour d’Alexandrine et de ses douze pieds !
Qu’on se le dise...
Que le soleil vous chauffe, car les jours à venir vont vous faire frissonner !
la gaillarde conteuse
pour retrouver tous les textes d’Alexandrine de Césure, c’est par ici
Bereswinde et Aldaric, parents d’Odile - ˋCharles Spindler - (1865-1938)
Votre calendrier de l’Avent - 14 Décembre
Hier 13 Décembre on fêtait Lucie et aujourd’hui Odile, toutes deux femmes de lumière. Voyez plutôt...
Lucie vient du latin lux, lumière. Bien des pays la fêtent encore de nos jours, principalement la Suède, on y fait des processions, on y déguste des brioches au safran lussekat, et on chante :natten går Tunga fjät (la nuit marche à pas lourds...)
Mais aussi en Italie, puisque Lucie est née à Syracuse en Sicile, à la fin du IIIè siècle. Sainte et martyre, le poète Dante la vénérait, voilà pourquoi elle apparaît à plusieurs reprises dans sa Divine comédie.
En Italie on dit qu’elle circule sur un âne volant pour distribuer des cadeaux aux enfants sages, et du charbon à ceux qui ne le sont pas... mais pour recevoir ses faveurs, il ne faut surtout pas la voir !
Ce 13 Décembre est le premier jour où le soleil se lève un peu plus tard, d’où le dicton :
« à la Ste Lucie, le jour avance d’un saut de puce »
Odile, elle, était fille de Bereswinde et d’Aldaric, duc mérovingien. Aveugle à sa naissance, vers 660, son père la renie et veut la faire tuer. Sa mère alors la confie à une nourrice qui partira lacacher dans une abbaye. Elle y sera baptisée plus tard et l’huile d’onction, coulant dans ses yeux, lui donnera la vue. Plus tard, Aldaric, accablé de remords, la recevra. Elle fondera le couvent du Hohenbourg, sur le mont st Odile en Alsace. Plus tard elle deviendra la protectrice de cette région et fêtée le 14 Décembre. Sur un vitrail de la cathédrale de Strasbourg elle figure, tenant un livre, sur lequel sont posés deux yeux.
Lucie et Odile, femmes de lumière, dont les yeux voient
Voir, regarder le monde avec nos yeux, non ceux d’autrui
Voir, fermer un peu les yeux de chair, pour que s’entrouvre un troisième œil qui voit le subtil, l’impalpable, le caché.
L’Avent est chargé de symboles, suivons-les, elle est là, la vraie magie de Noël !
Ma bouilloire chante... hop, une tisane « secret de cassis » dans une tasse en porcelaine fleurie, un vent se lève, la nuit commence à tomber, eh oui, je viens un peu tard aujourd’hui... mais toujours avec un grand plaisir...
Voyez ce soleil d'or et ces haies givrées qui semblent saupoudrées de cristal. Ne trouvez-vous pas que Décembre est un chemin vers Noël et que ce chemin est quasiment meilleur que le Noël lui-même ? je ne parle pas là des lumières artificielles des villes et des décors en plastique. Je parle de cette pénétration lente de la nature dans l'inévitable hiver, de ces jours qui raccourcissent, de ces houx aux baies rouge sang, de ces dentelles de givre sur les herbes et les feuilles, de ces brumes laiteuses, mystérieuses, qui cachent jalousement les paysages, de ces quelques dernières feuilles d'érables qui résistent et qui offrent les ultimes ocres et orange de leur feu mourant, de ce fauteuil près du feu, de cette tisane d'hiver aux épices.
Ça vous plaît, n'est ce pas ?
Et si je venais chaque jour ici vous raconter une histoire ? Quel bon rendez-vous... Une espèce de calendrier de l'avent pas ordinaire, juste pour vous, pour célébrer ce charme de l'hiver...