TOUS LES ÉPISODES D’ALEXANDRINE DE CÉSURE
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La parole à Alexandrine de Césure
JE PRÉSENTE ALEXANDRINE DE CÉSURE
Il y a, dans mon paysage intérieur, une femme singulière. Elle est vêtue de soie dans des verts mordorés et porte un grand chapeau orange foncé où flotte comme un fanion de fantaisie un ruban long de fourrure cuivrée. Elle est bavarde, précieuse dans ses manières, elle est pourtant légère, sa présence est…ingérable pour moi !
Elle est moi et ne l’est pas
D’où vient-elle ? De quand ? Est-elle un passé au parfum inaltérable ou est-elle à venir ?
Peut-être n’est-elle rien qu’un trop-plein…
Peut-être est-elle une vieille carcasse morte pleine de vers ?
oui, mais ils ont douze pieds… ce n’est pas ordinaire
Bien sûr elle me susurre des phrases succulentes quand arpentant les routes je cherche mes histoires, c’est vrai. Mais elle exagère…
Lui donner la parole. Qu’elle la prenne et qu’elle la garde un moment pour s’éclater un grand coup !
Car tellement je la freine, tellement je lui dis « non », quand elle arrive fière avec ses tissages de mots, de pieds, de vers, que j’ai peur de la vexer
Cher lecteur permettez, j’ouvre la porte sur…
Alexandrine De Césure…
Une histoire en plusieurs épisodes
ALEXANDRINE SUIT UN NAIN FACÉTIEUX
ÉPISODE 1
J’allais les bras ballants, désœuvrée, ce matin
Sous les nuages blancs et le temps incertain
Les yeux sur la route, le cœur en dérive
Distraite sans doute, sans que ne me suive
La moindre question ou le moindre projet
Et voilà que soudain apparut sur la route
Une espèce de lutin, curieux sans doute
Qui n’avait jamais vu de l’aristocratie
Un exemple charnu, une image vernie
«Oh chère madame, d’où pouvez-vous tenir
Ce qui semble un drame, douze pieds qui tirent
Les uns et les autres, douze souliers de cuir !
– Vous êtes insolent autant que minuscule
Et vous dites ainsi sans une virgule
Tout ce que vous pensez, même le plus hardi
N’avez-vous pas appris que l’on pèse ses mots
Que l’on ne dit pas tout comme le fait un sot ?
–Sot je ne le suis pas et vous verrez bientôt
Qu’à être comme moi on gagne le gros lot
–Mais qui êtes-vous donc qui passez par hasard
Pour me donner leçon en parlant de panards ?
–Je viens d’un monde que vous ne voyez pas
Où liberté abonde, emboîtez-moi le pas
Venez chère dame, attrapez donc ma main
Entrez dans la ronde de l’invisible nain. »
Je n’ai pas insisté, ai tendu ma menotte
Et me suis retrouvée devant la porte
Du temps, de l’espace
J’ai perdu la trace
D’ici
J’ai ri
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ÉPISODE 2
Je vous ai raconté
Comment j’ai rencontré ce lutin effronté
Et comment il a su m’inviter impromptu
À le suivre chez lui, dans ce monde imprévu
Moi qui m’ennuyait fort juste à ce moment-là
L’aventure tendue m’a alléchée, ma foi
Hop j’ai couru, sauté, de mes douze pieds
En faisant des claquettes avec mes souliers
Nous avons circulé dans un tunnel tout gris
Des lampions vivants éclairaient des tapis
Les murs étaient de soie, le plafond de verre
Une sorte de serpent, ou de ver de terre
Qui ondulait, qui tremblotait et qui grinçait
J’angoissais, je me fâchais, mais le nain riait
Heureusement le jour tout au bout du parcours
montrait sa ronde lune, blanche, vive, « bonjour ! »
C’était un scarabée, tout bleu métallisé
Qui entrait à son tour dans ce boyau serré
Et là, amis lecteurs, quel spectacle de choix !
Un paysage roux qui semblait de velours
Des arbres aux feuilles d’or, des pommes et des noix
Des mousses mordorées et de très grandes tours
Où des lierres dorés sur des pierres vertes
Faisaient des couronnes, des couronnes de roi
Jamais je n’avais vu, moi qui suis pourtant moi
De pareilles beautés. Même la grande Berthe
En son château royal, n’a sûrement jamais
Vu un spectacle égal à ce tableau parfait
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ÉPISODE 3
Et là mes chers amis, dans ce décor ardent
J’ai bien suivi ce nain de plus en plus charmant
Pour ne pas me trouver tout à coup esseulée
Dans l’endroit étonnant où nous étions posés
Le nain ne disait rien, oui mais il souriait
Car il savait bien ce qui nous attendait
Soudain notre sentier se fit petit petit
Puis large à peine comme un trou de souris
Pourtant rien n’aurait pu à ce point m’arrêter
Mes douze souliers étaient bien décidés
Palsambleu, dis-je alors (comme mon aïeul François)
Devant ce château-fort qui se trouvait par là
Une clairière douce de huit bouleaux plantés
Un ciel tel une orange de miel mordoré
Des gargouilles soufflant à chaque coin de murs
Le chant de tous les vents des plus doux aux plus durs
Le nain s’arrêta net, me fit signe d’entrer
Et moi, fille curieuse, je n’ai pas hésité
Aussitôt je fus prise d’une envie de rimer
Devant le paysage qui m’était révélé
Sur un tronc de sureau, couché de tout son long
La troupe joyeuse de très petits fripons
M’accueillit en riant et en frappant des mains
N’avaient-ils jamais vu dans l’étrange contrée
Aucune créature qui n’ait ces douze pieds ?
« Ho, dame de la terre, où vas-tu de ce pas,
De ces soixante orteils qui courent sur la dalle ?
- Je ne suis pas chez moi, je suis ce galopin
Mais je suis enchantée et ne veux pas de mal
À ce monde joli que je ne connais pas »
Ils cessèrent de rire et se dirent à mi-voix
« Une humaine qui rime, sur douze pieds ma foi
Voilà qui n’est point vu depuis le temps jadis
Laissons-la pénétrer dans ce lieu de délices
Peut-être saura-t-elle sauver la parole
De ces pauvres humains dont la raison s’affole »
On ouvrit grand le mur donnant sur une salle
Mais je n’osais ici poser le moindre pied
Ni avancer d’un pouce vers le trône posé
Qui était, sachez-le, coquille d’escargot
Une petite personne grosse comme un haricot
Était juchée d’aplomb sur le colimaçon
Et fredonnait avec douceur une chanson
Elle s’adressa à moi de sa voix de flutiau
Pour savoir si mon pas était bien comme il faut
« Car le rythme des œufs, classés par douzaines
(Dit la petite dame qui sentait la verveine)
Est le rythme parfait pour parler à mon cœur.
- Mais qui êtes-vous donc, et à qui est ce coeur ?
- Je m’en vais vous dire une confidence ronde
Je suis reine de tout, je suis reine du monde »
Je suis restée sans voix
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ÉPISODE 4
La dame minuscule
me parla gentiment
m’invitant auprès d’elle
tout à fait simplement...
« Je vous en prie venez, vous asseoir près de moi
Ne soyez pas stressée, je suis pleine d’émoi
De recevoir ici une humaine amie
Avancez jusqu’à moi, pas de timidité
Je suis prête je crois à vraiment discuter
Ça n’arrive jamais, qu’un de nos nains ose
Inviter au palais une femme qui pose
Ses douze pieds d’un coup sur mon carreau poli
Alexandrine c’est vous ? Quel petit nom joli
Posez-moi vos questions je répondrai à tout
Allez, entamez, osez, allez, à vous ! »
Et là je ne sais quoi de vraiment farfelu
Traversa de guingois mon crâne chevelu
Je m’entendis crier à ce haricot cuit
Cette reine couronnée, ce modèle réduit
« vous reine du monde ! Qu’est-ce que ça signifie ?
Êtes-vous Dieu en blonde, êtes-vous sa chérie ?
– Dieu… ? Pas tout à fait, mais ce n’est pas très loin
Car il m’a confié une grande mission
Je suis chargée en fait de veiller avec soin
Sur votre faculté de l’imagination
Chose importante à ses yeux clairvoyants
Car c’est par là qu’il hante vos rêves les plus grands
Et c’est par là aussi qu’il peut vous inspirer
Des contes et des récits qui peuvent vous aider
À comprendre bien mieux ce que vous ignorez.
– Ces histoires auraient bien - ça se dit dans le monde -
Des pouvoirs médecins guérissant à la ronde?
– C’est bien ce qu’il m’a dit et il m’a demandé
De veiller tous ces dits pour vous les conserver
Je restais sans parler, étonnée, stupéfaite,
Devant cette chargée des paroles secrètes
Des symboles sacrés qui peuplent les récits
Propres à nous libérer de nos voies rétrécies.
J’étais dans mes pensées quand la reine me dit
« Prenez ce narguilé, fêtons ma chère amie
La présence de vos pieds. Et voyez ce biscuit ! »
C’est alors que mon nain surgit comme un grand vent
Apportant sur sa main un gâteau étonnant
Ce goûter fut l’instant
Le plus ébouriffant
De ma drôle de vie
Vraiment je vous le dis
Je reviendrai dimanche
Vous dire ce qui suivit
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ÉPISODE 5
Le nain soigneusement posa le beau gâteau
Et là son vêtement me frappa comme il faut
De soie pure mordorée toute frangée d’argent
De beaux souliers moirés de velours chatoyant
Un bonnet qui semblait de poudre de cristal
Et un air qui était tout bonnement royal
Moi qui suis née au creux de l’aristocratie
Rien ne m’a échappé de son air adouci
Et quand j’ai reluqué cette petite reine
Elle portait sur elle un costume joyeux
Des bas de dentelle, un short court soyeux
Des talons aiguilles, une casquette à l’envers
Des lèvres qui brillent, un vrai beau pull over
Que leur arrivait-il à danser tout à coup
Et à battre des cils, et à crier au loup
Avais-je à faire ici à deux énergumènes
À quelques faux-esprits, à des clowns obscènes
La reine s’esclaffa en voyant ma mine
Puis elle m’invita dans cette dandine
Après tout me dis-je, trop de sérieux toujours
Me lasse et m’afflige et fait le temps trop lourd
Je me glissai entre eux, et soudain m’aperçus
Que je portais un vieux très très vieux pardessus
Oh visiteuse poète chantèrent-ils tous les deux
Dans les récits, les contes, on fait ce que l’on veut
Et ils avaient raison, l’imagination
Est bien faite pour ça, pour faire n’importe quoi
Tout ce qu’on n’ose pas, et j’ai dansé ma foi
Bien plus que de raison, mais la raison est trop
Souvent une prison, un carcan comme il faut
Dont il faut s’éloigner pour prendre son envol
Et courir dans les prés comme une fée bien folle
Je vous dis à dimanche, lorsque redescendue
De la rampe, des planches, je serais revenue
Que mes douze panards auront connu le pire
Et que les deux fêtards auront fini de rire
Alexandrine de Césure
Auteure unique des éditions « le pied qui pense »
La gaillarde conteuse
ALEXANDRINE DE CÉSURE
Épisode 6 - FIN
Soudain cette fête comme une bulle de savon,
À disparu, c’est bête, quand j’entrai pour de bon
Dans la douce folie de ces deux compères
Qui ont vraiment bien ri en regardant mon air
« Il y a un temps pour tout dit la reine du monde
Sachez bien que pour vous je vais être féconde
Vous parler illico de l’imaginaire
Que je place très haut sur votre terre »
Nous parlâmes longtemps, jusqu’au lever du jour
Et je sais à présent avec combien d’humour
Notre imagination nous a été donnée
Par une création qui nous a fort gâtés
Car enfin sans la porte que nous offre ce don
Sans le rêve en sorte, qui serions-nous donc ?
Des êtres sans projets, sans passions, sans folies,
Des êtres sans ailleurs et puis sans poésie
Des êtres non-humains et des êtres sans dieux.
Et là, vous me croirez ou pas, tout ce lieu
Disparut d’un seul coup, il n’en subsista rien
Qu’une légère brume auréolée de bleu
Il ne restait plus rien du château ni du nain
Ni de cette reine tellement singulière
Qu’un très léger parfum de fleur et de lierre...
J’avais donc tout vécu en imagination ?
Je me retrouvais là, sur notre planète
Mes douze pieds debout, avec rien dans la tête
Qu’un souvenir tout flou et, consternation,
Une envie de voyage, un besoin de fuir
J’annonce ici tout cru mon envie de partir
Courir la terre, les rues, les pays inconnus
Les tribus, les recoins et tous les imprévus.
FIN
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Holà lecteurs joyeux sachez qu’Alexandrine
Nous quitte de ce pas et change de vitrine
Elle déroule ce soir une carte du monde
Et s’en va au hasard de la terre si ronde
D’où elle reviendra... ou non... allez savoir...
Je vais donc arrêter la douzaine de pieds
Que je suivais, docile pour pouvoir vous parler
De cette Alexandrine !
Bon voyage chère dame
Revenez-nous un jour
Si vos pieds et votre âme
Ont envie d’un retour
la gaillarde conteuse
ALEXANDRINE DE CÉSURE SE TROUVE DES CHAUSSURES
Bonjour Madame,
Bonjour, qu’est-ce que vous désirez ?
Je voudrais des chaussures pour habiller mes pieds
Vous désirez en somme une paire de souliers
Vous ne savez pas comme je me trouve gênée
Car de souliers madame, il m’en faut bien six paires.
Vous êtes sûrement femme à en changer souvent !
Oh non c’est pour les mettre tous en même temps.
Il faut que je vous dise, je suis une rimeuse
Et je suis possédée par un esprit-chanteur
Qui me jette à la bouche les pieds par lot de douze
Ce qui me fait poète dans tout ce que je dis
Oh oui c’est bien ma tête, mais tous les pieds, c’est lui !
Donc si vous voulez bien, une douzaine de souliers.
Oh moi je le veux bien, quelle pointure vous avez !
Trente-six, trente-sept, enfin jusqu’à présent.
C’est un pied bien petit, un petit pied charmant !
Oh oui le pied ça va, c’est la cheville qui enfle
À être poétesse, comme ça, tout le temps
Que je parle de fesses, d’amour, de bêtises
Je dis tout en césure, c’est vraiment inquiétant.
Dites-moi, les chaussures, vous les voulez comment ?
Vraiment toutes pareilles ou toutes différentes ?
Différentes ! Quelle merveille je vais être pimpante
Avec douze souliers chacun d’une paroisse
Ça va être joyeux ma douzaine de godasses
Montrez-moi vite là tout ce que vous avez
Que je fasse mon choix, allez-y, proposez.
Peut-être - c’est très fille - un long talon aiguille
Avoir le pied coquin dans la rime c’est bien
Alléger un instant cette lourdeur du temps.
Donc j’opte pour l’aiguille, en voilà un choisi !
Mais noir j’aime autant, c’est bien plus inspirant.
Noir, oui, le voilà, il faudra mettre en bas...
Au deuxième je propose peut-être un soulier blanc
Le blanc oui, je suppose, c’est sacré en-dedans
C’est la couleur de Dieu et puis aussi des anges
Je parle parfois d’eux, l’esprit-chanteur étrange
Les connais mieux que moi, allons-y pour le blanc.
Au troisième, peut-être, un tout petit vernis
Élégant, habillé, presque aristocratique.
Aucun milieu doit n’être par ma rime banni
Bien que bassement née, voyez-vous je me pique
De servir la noblesse aussi bien que le gueux
Il me sont sympathiques, à vrai dire, tous les deux
Va donc pour le vernis, ça nous en fera trois.
–Un petit soulier vert, en fin cuir québécois ?
Chanter dame nature, ça me va bien je crois
Alors ni une ni deux, optons pour celui-là.
Et un petit tout rouge, comme un rubis profond ?
Oh oui un rouge, pour toutes les passions.
Qui prennent de la place partout dans nos maisons
Dans les Alexandrins, faisons-leur un lieu bon
Où leur feu souverain trouvera un giron.
Pour le sixième, je crois, il faudra essayer
Une jolie babouche, soulier pas ordinaire.
Oh la, à ma bouche montent des voluptés
Les tapis, les turbans, l’orient, les déserts
Acceptons la babouche, soulier pas ordinaire.
Et puis que pensez-vous d’une chaussure d’enfant ?
Mais vous pensez à tout et pour mes pieds vraiment
Vous êtes une marraine, vous prenez tant de peine
Pour les parer de dons, mais continuez donc
la chaussure d’enfants donnera à mes pieds
Cette fraîcheur qui fend les cœurs les plus fermés
Marraine pour le huitième que me proposez-vous ?
Une botte de Modène en beau cuir fin et mou
Des bottes vous croyez ? Pour la boue des fossés ?
Pour les combats menés ? Pour l’ogre du Poucet ?
Allons y pour la botte, moi je vous fais confiance…
L’inspiration me porte, pour faire un peu de danse
Ce soulier qui me semble être celui d’une fée.
Une fée dites-vous, voilà tout l’invisible
Qui va entrer du coup dans mes pieds enchantés !
Que mon esprit-chanteur se sent bien honoré
De recevoir ces dames dedans ses douze pieds !
Le dixième j’en ai peur est vraiment délabré
Une vieille sandale d’homme, qui a beaucoup marché.
Pourquoi peur ma bonne dame c’est le soulier affreux
Et du pauvre et du moine, un soulier courageux
C’est lui qui me dira les grands jours de désert
« Continue, marche, avance, ne pleure pas, tais-toi »
La sandale je la prends, il me la faut je crois
Pour les jours de silence, de mauvais savoir-faire.
L’avant-dernière, déjà ! À vrai dire je pensais
Qu’une simple pantoufle ne serait pas de trop.
Une pantoufle voilà ! Pour que mes douze pieds
Soient vraiment à leur aise et poussent un chant bien beau
À l’oreille de tous ceux qui écoutent mes fables
Et au cœur amoureux de qui les aimera.
Pour le douzième, voyez, je n’ai plus une idée…
Le douzième, marraine, ira très bien nu pied
Il portera la mort, le sans-rien, le maudit
Et qui vont, eux aussi, être chantés ici.
Car si il y a douze pieds de longueur dans ma rime
C’est une scène ouverte aux cieux comme aux abîmes
Chacun par son soulier y prendra la parole
Il pourra la garder, que ce soit triste drôle
Maintenant bonne dame, il me faut vous payer
Annoncez donc le drame à ma bourse trouée
Moi, marraine de vos pieds, vous me croyez capable
De tirer des deniers à cet art respectable ?
Vous êtes une rimeuse et moi je suis la vie
Que je sois votre muse, c’est tout ce que je dis
Et ne m’oubliez pas…
Alexandrine de césure
auteure unique et définitive
des éditions « Le pied qui pense »
la gaillarde conteuse !
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Une autre aventure d’Alexandrine de Césure :
LE BÉNITIER DES FÉES
Chaussée coquettement de ses douze souliers
Alexandrine surgit dans la nuit étoilée
Sous ses pas les mousses tendres et lierres rampants
Font un tapis douillet tiède et murmurant
Et la belle s'envole telle une mouche
Sans manière se pose sur une souche
Dans laquelle s'est creusé un bénitier de fée
Elle y ôte sa douzaine de souliers
Trempe ses pieds nus dans ce bassin sacré
Un têtard dérangé lui fait bien remarquer
Que jamais une fée n'a été insolente
Au point de tremper là soixante doigts de pieds
"Ce bénitier est pur, madame, vous rêvez
À oser poser petons de mécréante
Dans l'eau qui vient des pluies et des rosées
Qui se voit réservée exclusivement aux fées"
Alexandrine, piquée... et mécontente
Rétorque à cet animal ridicule
"Vous n'êtes fée non plus, mais la fille hargneuse
D'une batracienne gluante et visqueuse
Qui a osé accoucher de sa virgule
Dans ce creux hautement mythologique
Un comble, un blasphème écologique !"
Mais voici que notre poétesse glisse
Et qu'un pied des douze écrase le têtard
Qui se retrouve à présent plat et lisse
Comme pourrait l'être un papier buvard
Soudain une fée, portant une serviette
Arrive par un sentier, guillerette
Alexandrine met ses douze souliers
Pêche entre deux doigts la bête inanimée
Et file vite sans attendre de suite
Aristocrate, poète et artiste, oui
Mais devant l'autre monde sans aplomb, je le dis...