Le Mardi des souvenirs 4

Publié le par Patricia Gaillard

C'était en 1958. Une de mes grandes sœurs, qui avait treize ans, avait été opérée d'une appendicite. Nous nous apprêtions à aller la voir à l'hôpital. J'avais sept ans. Ma mère m'avait prévenue : "tu ne feras pas rire ta sœur, car la cicatrice fait très mal quand on rit"

J'étais espiègle mais gentille et je n'avais pas du tout l'intention de faire rire ma sœur. L'idée m'est venue alors de lui faire un dessin. Je me suis appliquée. Nous lisions parfois, en ce temps-là, un livret de bandes dessinées qui s'intitulait Tartine. C'était une vieille dame, avec un chignon et une verrue poilue, qui ressemblait un peu à une sorcière, comme vous pouvez le voir sur l"illustration. 
Mon dessin de tartine était vraiment réussi. Mais soudain sa ressemblance avec une de nos voisines - une femme laide avec une peau rouge et grumeleuse sur le visage, qui s'appelait madame Gwinner et qui était une vraie commère - m'a frappée.
J'ai donc écrit, sous le dessin : madame Gwinaigre... 

Bien sûr ma sœur a ri ! Et bien plus que de raison !
Ma mère m'a grondée, mais un peu, car elle avait bien perçu l'innocence de mon intention. D'ailleurs elle-même n'avait pas résisté devant ce dessin comique qui mettait en boîte cette vieille et bavarde voisine, amère comme du vinaigre...

Nous en avons ri longtemps

la gaillarde conteuse

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