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STAGE CONTE AUTOUR DE LA CHEMINÉE

Publié le par Patricia Gaillard

UN STAGE DE CONTE, AU COIN DE LA CHEMINÉE, 
LES 21 ET 22 JANVIER 2017
Il reste encore quelques places...
 

Vous êtes conteuse, conteur, vous voulez approfondir votre art ?
Ou vous désirez en savoir plus sur les contes, ces rêves universels, ces paroles d'or ?

Ou vous aimeriez avoir plus d'aisance quand vous prenez la parole en public ?
Ou vous avez peut-être envie de parfaire votre oralité ? 

Ces deux jours peuvent vous intéresser. Un Samedi et un Dimanche, de 9h30 à 18h, autour de la cheminée. Dans la semi-obscurité du feu, l'inspiration plane et chacun s'éveille à sa propre  parole. Et chaque parole a le don d'éclairer la parole des autres.
Cela se passera chez Hervé et Francine Beudet, à Ménetreuil, en Saône et Loire (71) qui ont de très chaleureuses chambres d'hôtes. lien
Les repas seront pris ensemble et tous ceux qui le désirent pourront dormir sur place. 

Pour tous les renseignements utiles, appelez :
06 18 34 60 19 (Patricia) ou 06 11 72 73 29 (Francine)

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en chemin vers le 6 Janvier

Publié le par Patricia Gaillard

Et voici passé le 25 décembre. On pourrait penser que cette fois les forces ténébreuses sont calmées et que tout est bien qui finit bien. Loin de là ! Nous entrons à présent dans la période des douze jours d’effroi, appelée chez nous « Rauchnächte ». Les démons sont déchaînés, ils vont tout tenter pour combattre cette lumière, et ce n’est pas ce petit, couché sur la paille et encore si vulnérable, qui va les intimider.

Ces douze nuits sont souvent venteuses et on y entend les archaïques chasses nocturnes de Wotan, ce dieu guerrier qui combat les esprits mauvais lors des sinistres crépuscules. Ce sont des nuits brumeuses et chargées d’un froid nouveau, différent. Toutes ces forces contraires qui guerroient dans les airs les rendent lugubres et infréquentables. Restons aux coins de l’âtre, dans nos enveloppes apeurées et fragiles et laissons ces êtres surnaturels mener contre le mal leur combat annuel, ils s’y entendent bien mieux que nous. Pendant les veillées de ces douze jours, on abandonne les rouets, mesdames, il le faut.

Ce sont ces heures-là que Frau Berchta, cette vieille fée sauvage, choisit pour traverser le ciel, suivie de la troupe innocente des enfants morts-nés, qui n’ont pas eu de baptême et à qui la religion refuse une âme. J’ai entendu dire que dans la troupe des ces petits, endormis douillettement dans les plis laiteux et accueillants de sa cape de brouillard, toute bordée d’étoiles, se glissaient silencieusement les âmes perdues des suicidés, des assassins et des mendiants, qu’aucune bénédiction ne sauvera jamais et que nulle famille ne réclame. Elle n’est pas avare de place qu’elle fait en son manteau, cette bonne fée, et elle les emmène tous au paradis, mais cette fois directement, sans aucun de ces juges intermédiaires trop humains ! Les mères éplorées ont au moins cette consolation, qui n’est pas moindre !

Et c’est durant ces douze jours aussi que nos trois rois, extirpés de leur tombeau, marchent sans relâche, pour contribuer, eux aussi, à sauver la lumière. Ils se rendent au « Champ du feu », le Viehfeld. On dit qu’en passant à Lalaye, ils auraient volé dans les airs, et lâché malencontreusement sur un moulin, une cassette d’or qui fit la belle fortune de son meunier qui vendit tous ses biens et s’en alla, quelque part dans le monde, jouir de cette tranquille opulence. Le nouveau propriétaire de ce moulin, qui avait bien sûr entendu l’étonnante histoire, paressait tout le jour, couché sur les sacs vides, son bonnet blanc pointu enfoncé jusqu’au nez. Il attendait, clamait-il en riant, « que la fortune lui tombe du ciel ! » Oui, mais il attendit longtemps, de décembre en décembre, des années durant… il finit par être arm wia n’a kirichamüs, pauvre comme une souris d’église. Pris de folie, il tira alors un coup de fusil sur les trois rois volants. Mais l’arme sauta de ses mains et c’est lui qui périt. Personne ne vint le voir, ni le chercher, ni le veiller de prières, ni même l’enterrer. Les braves gens ne se mêlent pas de ces histoires maudites et laissent les ténébreux rejoindre les ténèbres, quand ils en font le choix. Et l’homme est devenu maudit, comme le moulin d’ailleurs, ils tombèrent ensemble en ruines, doucement, ils y sont encore pris, jusqu’à la fin des temps…

Les trois rois arrivent au viehfield le 6 janvier, pour sacrifier à des rites qui valent bien la peine d’être dits. Nous dévorons avec bonheur des galettes qui désignent certains d’entre nous dignes de la couronne, mais savons-nous seulement les belles croyances qui dorment dans la succulente frangipane ? Les voici…

Le premier, Melchior, est un noble vieillard à la longue barbe, blanc de neige. Il tient, dans la main, une poignée de poudre d’or qu’il envoie dans les airs. Le vent s’en empare, la porte vers les cieux et voici les étoiles allumées pour tout l’an neuf.

Puis arrive Gaspard aux yeux bridés qui jette, lui, une poignée d’encens. Elle devient nuages, brumes et pluies bienfaisantes que les champs recevront tous les mois à venir.

Enfin, Balthazar, astrologue et devin à la belle peau noire, jette une poignée de myrrhe qui se sème partout sur le sol. Celle-ci rendra la terre fertile.

Prélevées des présents faits à l’enfant divin, ces trois poignées miraculeuses sont offertes aux hommes. A présent les étoiles sont rallumées, les terres fertilisées, les temps placés. Pour finir, les esprits bienfaisants reprennent leur ronde protectrice.

Femmes, reprenez vos rouets, la roue de l’univers s’est remise à tourner, et pour toute une année. Merveille !

in NOËL EN ALSACE, LÉGENDES ET CROYANCES - Patricia Gaillard -  livret/CD - éditions De Borée - 2016

 

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Conte du 23 Décembre - calendrier de l'avent des contes

Publié le par Patricia Gaillard

Ça c'est une histoire pour tous mes frères conteurs.
Pourquoi suis-je venue chaque jour vous donner une histoire ? Parce que je suis conteuse, parce que c'est l'hiver, parce que si on ne raconte pas d'histoires on perd de vue l'essentiel, les contes sont là pour nous rendre les clefs qu'on oublie,
Voyez plutôt l'histoire... 

LE MULOT CONTEUR

Trois petits mulots, un jour d’automne, reniflent autour d’eux… mmmm l’hiver n’est pas loin.

Jusque là ils squattaient un vieux nid dans la haie d’églantiers. Mais là, il faut être sérieux, ils se font un terrier, profond, avec une chambre et un grenier.

Dans la chambre on met de la mousse, des feuilles des herbes sèches, le tout finement haché, ça fait une moquette odorante et confortable…

Il s’agit maintenant de remplir le grenier.

Deux d’entre eux, du genre courageux, actifs et prévoyants, s’en vont chercher de quoi : des graines, des fruits secs, des champignons, des mousses, des escargots, des vers de terre, même secs, des mûres, ah oui les mûres, ils adorent…

Ils roulent, portent, traînent, roulent, poussent tout ça jusqu’au terrier, de nuit, tout en se méfiant des hiboux et des chouettes, des chats et des blaireaux, qui croquent très volontiers ces festins minuscules d’une vingtaine de grammes...

Le troisième compère se prélasse, rêvasse, sur un épais tapis de mousse, au pied d’un pommier sauvage dont les fruits ronds brillent sous la lune. Il contemple le turban du ciel bleu sombre piqué d’étoiles, il écoute les chants des nocturnes, il renifle les parfums de l’automne. Rien ne lui échappe de tous les frôlements, frissonnements, frémissements de la nuit. Il rêve, il médite, c’est un poète, un artiste.

Les deux autres, courageux, actifs, prévoyants, lui disent : t’es paresseux, t’es un lâcheur, t'es la cigale de la fourmi, tu ne mériteras pas de manger quand viendront la bise et les gelées ! Aide-nous !!

Il ne peut pas. C’est plus fort que lui.

Voilà l’hiver. Ils sont contents tous les trois d’avoir un bon abri. Le grenier est plein. Ils pourront même se permettre d’inviter parfois des mulotes à dîner.

Dans ce terrier, si on mange très bien, par contre on s’ennuie ! Les nuits sont longues. On sort un peu, mais on revient vite. Houla, trop de vent, de la neige et tous ces hiboux qui ont faim, c’est dangereux ! Heureusement on leur échappe souvent, on saute haut, on grimpe aux arbres, on abandonne dans leurs becs acérés le petit bout de sa queue et on est sauvé !

Alors on revient, on est content. Mais on s’ennuie !

C’est là que le mulot-poète se met à raconter le ciel, les étoiles, les pommes luisantes, les chants, les parfums, les frôlements, les frémissements, les frissonnements… toutes les choses qu’il a pris le temps d’entendre et de voir. Toutes ces histoires…

On l’écoute, à demi-couché, les yeux mi-clos, avec délice, les deux pattes croisées sur les ventres bien pleins.

Et à ce moment-là, à ce moment-là seulement, on se dit :
On a besoin de rêve, tout autant que de pain

 

Un conte de Patricia Gaillard, raconteuse d'histoires...

N'hésitez pas à me chiper cette histoire pour la raconter, car elle dit bien ce que nous sommes, je vous l'accorde avec grand plaisir !

 

 

 

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Conte du 22 Décembre - calendrier de l'avent des contes

Publié le par Patricia Gaillard

LE SOULIER DU CURE DE CRANCOT

Au village de Crançot, où déjà on avait la fontaine de Conge, qui guérissait disait-on les maladies des yeux, on avait aussi un fameux curé. Il avait, avec les intempéries, de fraternelles conversations qui leur faisaient faire demi-tour, quand elles arrivaient mal à propos pour la terre ou pour les grains. Les paroissiens avaient fini par trouver très normal de voir s’en retourner les grands nuages noirs ou jaune sombre, qui menaçaient de lâcher là leurs grêles ou leurs pluies lourdes, ces choses violentes qui parfois tombent très mal.

Un jour qu’il était occupé à se vêtir pour dire sa messe, tout un groupe de villageois frappa à la porte de la sacristie. Leur curé les reçut. On lui parla d’un orage terrible qui venait à grand pas, et d’un nuage énorme, gris foncé avec un cœur jaune, signe de grêle, qui s’était quasiment planté sur le clocher.

Notre bonhomme sortit en courant, l’étole flottant derrière lui comme un long fanion blanc et arrivé sur le parvis, il se déchaussa d’un soulier, l’empoigna et le lança au ciel, en poussant quelques mots d’un ton autoritaire… le nuage, sermonné, quitta sa place en s’élevant comme une montgolfière et le ciel nettoyé, lissa son bleu de mer. Certains restèrent le nez en l’air un grand moment. Mais jamais on ne vit revenir la godasse magique… !

Ce jour-là la messe fut dite les pieds nus, qu’importe, elle fut dite.

 

Les éléments peut-être, aimeraient nous voir moins d’impuissance devant leurs menaces et leurs secrets ? Ne sommes-nous pas devenus terriblement timides et incapables de convaincre une petite pluie de tomber, ou de passer son chemin ?

C’est, bien sûr, une théorie de conteuse !

Cependant, … ce n’est pas parce que c’est impossible que nous n’y croyons pas, c’est parce que nous n’y croyons pas, que c’est impossible.

 

Je vous sens soudain rêveur.

Puisque nous parlons de chaussures… Savez-vous que les bergers russes, allaient sans chaussures à la première sortie de leurs troupeaux ? Ils disait qu’ils éloignaient ainsi les loups et les ours pour l’année.

Devinette : Sa taille est celle d’un lapin. Sa charge est celle d’un âne. La chaussure, bien sûr !

Et en écosse, si une paire de chaussures, même neuves, se trouvent sur une table, elle annonce de gros soucis d’argent.

En Italie, des chaussures qui grincent disent : « celui qui nous porte, ne nous a pas encore payées ! »

Les chaussures magiques courent le monde. Ainsi celles de l’ogre, qui sont des bottes immenses, qui font sept lieues à chaque pas et qui de plus vont très bien à tous les pieds qui s’y enfoncent, même ceux, si petits, du petit Poucet. Et ce soulier de fée que le prince a trouvé, que la jeune fille a perdu et qui de tous les pieds du monde ne reçoit que le sien ! Et puis il y a ce soulier de Crançot, qui peut-être, depuis ce lointain dimanche-là, court après les nuages et ne s’arrêtera que lorsque

le monde aura fini de tourner,

et nous de marcher

et de raconter

des histoires.

 

in CONTES ET LÉGENDES DU JURA - Patricia Gaillard - éditions De Borée - 2007

 

 

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