UNE COMMODE DE CONTE
Vous vous souvenez, au début de l'été dernier, je venais ici de temps en temps vous présenter des objets que j'avais croisés et qui me rappelaient certains contes.
Regardez bien cette commode rouge, croisée aujourd'hui chez un brocanteur. Je la verrais bien dans le palais du Roi Vistlav, père de Vassili, Dimitri et Yvan, ses fils, chargés l'un après l'autre de guetter le voleur qui subtilise chaque nuit une pomme d'or à l'arbre de leur père.
Bien sûr c'est Yvan qui réussira, car c'est le plus jeune, le plus faible, celui que ses frères traitent comme un idiot. Le conte aime mettre en avant celui qui, précisément, n'y est jamais. Et il n'est pas le seul à procéder ainsi, souvenez-vous de cette parole d'évangile "les derniers seront les premiers..."
Prince Yvan a surpris le voleur, c'est l'oiseau de feu. Il le tient, mais la bête s'envole, ne laissant qu'une de ses plumes dans les mains d'Yvan. Le Roi prend la plume, la pose sur cette commode, justement (c'est en tout cas mon avis, et je suis conteuse, ces choses-là ne m'échappent pas ;-)
Et le Roi Vistlav se met à rêver, obsessionnellement, à cet oiseau de feu et il promet son royaume à celui de ses fils qui le lui amènera.
C'est Yvan qui le rapportera, vous le savez, après de splendides et terribles aventures, qui méritent d'être lues.
J'aime les contes russes. Ils ont une force à la fois grave et magnifique, tout comme ce peuple singulier.
Ces histoires parlent d'hiver, de neige, de gel, de vraie froidure blanche, ce que nous avons de moins en moins chez nous. Je suis une femme du nord, les rigueurs de l'hiver me manquent, aucun paysage ne m'émeut autant que le givre du petit matin, quand il enrobe parfaitement chaque feuille, chaque brin d'herbe et que l'aube naissante révèle sa gracieuse luminescence. Merveilleux instant.
Pour moi le diamant lui-même n'arrive pas à la cheville du gel...
Je ne suis pas une croqueuse de diamants, mais une brodeuse de gel !
C'est mon époux qui est content...
Passez une belle journée !