Le petit chêne
Le petit chêne
Vous vous souvenez, je vous ai déjà parlé du jeune Chêne qui est au bord de l’étang, pas très loin de mon ami le Frêne. Contrairement à certaines essences « pressées » le chêne n’a pas encore formé ses bourgeons. Le chêne est un être sage qui ne se précipite pas. Aujourd’hui je suis allée passer un long moment près de lui, afin de couper les carex qui l’envahissaient bien exagérément. Ça y est, le petit arbre va pouvoir occuper sa vraie place et c’est, sachez-le, de la plus haute importance, je vais vous conter pourquoi...
Ce midi, nous avons écouté les courtes informations qui nous tiennent au courant de ce qui se passe dans le pays et dans le monde. Et là, consternée, j’ai entendu quelque chose qui m’a attristée. Les 25 plus beaux Chênes de France sont actuellement abattus afin de refaire la flèche de la cathédrale Notre-Dame. Nous allons sacrifier 25 grands sages de cette terre pour les besoins d’un monument. Certains, peut-être même beaucoup, trouveront cela formidable, moi ça me rend très triste et je pense que la Dame à qui cet édifice est dédié choisirait, elle, la vie de ces beaux vieux Chênes.
Nous traversons ces temps-ci une grande période de tourments et en sacrifiant ainsi ces vénérables, nous allons encore affaiblir les ondes bénéfiques qui pourraient nous venir en aide. En parlant ainsi je fais partie d’une minorité que l’on nomme les rêveurs, des gens qui ne prennent pas les armes pour défendre leur conviction et qui savent que la nature est la Mère.
Alors, tout à l’heure, j’ai raconté tout cela au petit chêne, et je lui ai dit qu’il était un descendant de ces grands vieux Chênes sacrifiés, qu’il allait devoir devenir très grand, très fort, très chêne pour remplacer l’un d’eux et j’ai fait le vœu de veiller sur lui, toute ma vie et même après... je lui ai rappelé ainsi le sens de sa vie. Ma tristesse s’en trouve un peu allégée.
la gaillarde conteuse rêveuse