AOÛT EN POÉSIE
L’été est une femme verte qui fatigue vers la fin d’août, sa chaleur lâche prise, se fait douce, devient courte, la nuit en profite pour rallonger un peu sa course que l’aube termine par une rosée douce.
Plus de mouches agaçantes pour se poser sur tout, les guêpes gavées de fruits trop mûrs dorment au hasard, où elles se posent. On sent peu à peu l’énergie qui s’épuise, tout est plein, rond, mûr, tout est généreux, un autre temps va pouvoir venir. Mais plus tard, plus tard seulement, car la femme verte refuse l’échéance, elle freine des deux pieds, elle a encore à faire, elle n’a pas dit ses derniers mots, elle a encore des jours à tisser avant d’abandonner la place devant l’automne orange et rouge qui achèvera le travail. Quand les noix rouleront sur les chemins, quand les brumes auréoleront les matins, quand on verra, posés dans les jardins, en tas, les rondeurs flamboyantes des potirons, quand les figues se feront violettes et lourdes de leur miel grenat, quand les noisettes tomberont dans l’herbe, s’entrechoquant comme des grelots, quand les pommes rouges et jaunes parfumeront les granges, alors cette dame verte se retirera, dignement.
Elle ira dans ce monde où dorment les saisons, où elles reprennent vigueur, où elles préparent sans cesse leur éternel recommencement, pour le grand bien du monde.
Patricia Gaillard
Août 2018