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LA FEMME SQUELETTE - conte inuit - version de Patricia Gaillard - 4ème et dernière partie

Publié le par Patricia Gaillard

 LA FEMME SQUELETTE - conte inuit version de Patricia Gaillard 
 4ème et dernière partie  

Elle n'a rien vu, rien entendu, rien pensé bien sûr, elle n'avait que ses os, mais elle a ressenti quelque chose, comme un battement, dans la profondeur de ses os. Elle s'est mise à ramper jusqu'à l'homme et elle a posé ses phalanges sur sa poitrine. Elle a senti un battement dans ses os, elle a ouvert la poitrine avec ses doigts coupants et elle a sorti le coeur qui battait, comme un tambour. Son tambour, où l'avait-elle laissé ? Au fond de la mer ? Elle a pris ce coeur chaud, humide, dans ses deux mains d'os et elle s’est levée, s'est mise à danser, à danser, à danser...
À danser, à danser, à danser...
Pendant qu'elle dansait sa chair doucement s'est recomposée, des yeux lui sont venus et enfin elle a vu ce coeur, elle a entendu son battement et elle l'a senti dans ses doigts, elle l'a senti dans tout son corps comme son propre coeur, son tambour, qui battait et elle a su que ce coeur dans ses mains n'était pas le sien. Alors elle s'est mise à genoux, a remis le coeur dans la poitrine ouverte de l'homme. La femme s'est étendue contre le corps de l'homme qui se réveillait...
On dit qu'ils ont été heureux longtemps, qu'ils sont descendus souvent tout au fond de la mer, qu'ils sont montés souvent dans les étoiles du septième ciel, qu'ils se sont donné de la chair toute leur vie. Et on dit aussi que quand son tambour à elle s'est tu, son tambour à lui s'est tu aussi...

Au revoir, chers passants, maintenant je vous en ai dit assez, je vais me taire, mais permettez que je vous embrasse...
Patricia

 

 

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LA FEMME-SQUELETTE - conte inuit - version de Patricia Gaillard - 3ème partie

Publié le par Patricia Gaillard

LA FEMME-SQUELETTE - conte inuit - version de Patricia Gaillard 
3ème partie 

...Le jeune homme tirait, tirait, la femme-squelette avançait, avançait et elle est sortie de la mer, au bord, sur la plage. Quand l'homme a vu ça, lui qui n'avait pas peur des esprits, il a eu peur de ce squelette. Alors, tout en gardant sa ligne en main, il s'est mis à courir, à courir, et plus il courait, plus elle le suivait, plus elle le suivait, plus il courait, plus il courait, plus elle le suivait... ça ne s'arrêterait donc pas. Arrivé à son igloo, il est entré et a glissé la peau de phoque devant l'ouverture. Il y a eu un grand silence, puis il a allumé la lampe à graisse. La femme-squelette était là, assise par terre, au fond de l'igloo, elle ne bougeait pas, elle était toute emmêlée, une phalange de pied dans une oreille, un coude dans le bassin, la tête vissée vers l'arrière. Il l'aurait trouvée drôle, même touchante, si elle n'avait pas été si effrayante.
Au bout d'un moment, il a commencé à s'habituer. Après tout un squelette c'est humain. Lui aussi était humain, il avait de la chair, elle n'en avait pas, et voilà, Après tout, qu'est-ce qu'elle aurait bien pu lui faire ?
Il s'est approché, doucement, progressivement, surveillant sa réaction, dans la lumière douce de la lampe à graisse, et avec ses doigts, qui avaient l'habitude de démêler les noeuds de fil, il a défait patiemment tout cette cordelette translucide, emberlificotée d'un os à l'autre. Il a fait ça précautionneusement, en chantonnant doucement. Ensuite il a remis les os en place, tous, elle était mieux comme ça. Elle ? Oui, La mâchoire était petite, les hanches arrondies, elle avait sûrement été une femme. Il a même posé une pelisse de phoque sur ses épaules.

Cette invraisemblable fin de journée l'avait fatigué. Il s'est déshabillé, complètement, et s'est engouffré sous une épaisse couverture en fourrure d'ours. Il a soufflé la lampe à graisse près de lui et, très vite, s'est endormi...

À demain, pour la suite.... et fin
Bonne fin de journée !
Patricia


 

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LA FEMME-SQUELETTE - conte inuit - version de Patricia Gaillard - 2ème partie

Publié le par Patricia Gaillard

LA FEMME-SQUELETTE - version de Patricia Gaillard 
(conte inuit)  

Is ont marché, marché comme ça jusqu'à la mer. Devant la mer il y avait une immense crevasse, ils sont descendus dans cette crevasse, descendus jusqu'au fond de la mer. Une fois arrivés là, les deux hommes-ours ont abandonné la fille et ils sont remontés. Elle est restée là, au fond de la mer, comme prisonnière de la mer...
Alors la mer l'a prise, comme une mère, et elle l'a bercée comme elle sait faire, avec son rythme, son souffle, sa respiration de mer. Elle l'a gardée ainsi longtemps. Elle l'a conservée. Et puis, avec sa patience sans fond et toutes ses petites bêtes, lentement, elle a défait tous les os de leur chair. Un jour la fille n'était plus qu'un squelette. Elle était devenue la femme-squelette.
Elle était toujours tournée vers une partie de la mer qui était plus lumineuse, alors la mer un jour l'a soulevée, l'a poussée et la femme-squelette s'est mise à marcher, à marcher, jusqu'à l'endroit lumineux, où il y avait une multitude de poissons brillants au ventre roux, au dos couleur d'émeraude. Puis elle est restée là, assise, dans la lumière de la mer.
Près de la surface il y avait une crique. Aucun pêcheur ne venait jamais y pêcher car un vieux savoir disait qu'il y avait des esprits dans cette crique. Un jeune pêcheur, beau et fort, qui aimait manger ces poissons au ventre roux et au dos couleur d'émeraude et qui n'avait pas peur des esprits, avait pris l'habitude de venir pêcher là, chaque jour, un peu avant la nuit. Il lançait sa ligne, très loin, la ligne se posait, l'hameçon descendait, descendait. Et ce soir-là, la ligne s'est posée, l'hameçon est descendu, descendu, jusqu'à la femme-squelette, qui était assise là, au fond de l'eau, dans les derniers rayons de la lumière... En arrivant sur ce squelette, l'hameçon a fait comme une aiguille, il est passé sous un os, puis sur un autre, puis sous le reste et à force il a tissé une espèce d'embrouillaminis invraisemblable entre tous ces os. 
Le pêcheur a cru qu'il avait une touche, une grosse touche, pour un pêcheur une grosse touche c'est tellement important. Il imaginait déjà un très gros poissons au ventre roux, au dos couleur d'émeraude, alors il a tiré, tiré, le noeud de fil a commencé à soulever la femme-squelette qui s'est mise à avancer, avancer et le jeune homme tirait, tirait, et la femme-squelette avançait, avançait...

À demain pour la suite...

Que ce jour vous soit doux, vous qui passez ici

 

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LA FEMME-SQUELETTE - conte inuit - version de Patricia Gaillard - 1ère partie

Publié le par Patricia Gaillard

LA FEMME-SQUELETTE - conte inuit - Version de Patricia Gaillard
1ère partie

 

Cet homme était chef de son village, il était vieux et sage, sa compagne était vieille aussi et très douce. Il avaient une fille, qui était déjà une jeune fille. Comme le voulait leur tradition, ils auraient aimé qu’elle choisissent un compagnon parmi les hommes de leur village, mais elle ne voulait pas. Pourtant ils venaient nombreux, grands, forts, jeunes, chasseurs, pêcheurs, mais elle n’en voulait pas. Ce n’était pas pourtant une fille capricieuse et on ne savait pas pourquoi elle les repoussait tous, elle refusait d’en parler. Son père, qui était chef et gardien des traditions, avait fini par se fâcher et lui avait dit « Je te donnerai au prochain qui se présentera à la porte de ma maison. » Elle ne répondit rien.
Un jour deux hommes arrivèrent dans le village, ils étaient frères, ils demandèrent à être reçus par le chef du village et arrivés chez le chef du village, ils demandèrent à être reçus par sa fille. Que lui ont-ils dit ? Que lui ont-ils demandé ? Je ne saurais le dire, mais elle accepta de s’en aller avec eux. Elle dit adieu à ses parents, n’emporta avec elle que son tambour en peau de caribou, car il était comme son coeur et elle partit, marchant dans la neige, entre les deux hommes, sans se retourner. Ils sortirent du village tous les trois, sans dire un mot. La fille marchait entre eux, serrée entre eux, elle n’aurait pu s’échapper et au fur et à mesure qu’ils avançaient, les deux hommes, au rythme de leurs pas, se métamorphosèrent en ours…

À demain pour la suite
Passez une bonne journée d’hiver…

 

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