LA FEMME-SQUELETTE - conte inuit - version de Patricia Gaillard - 3ème partie

Publié le par Patricia Gaillard

LA FEMME-SQUELETTE - conte inuit - version de Patricia Gaillard 
3ème partie 

...Le jeune homme tirait, tirait, la femme-squelette avançait, avançait et elle est sortie de la mer, au bord, sur la plage. Quand l'homme a vu ça, lui qui n'avait pas peur des esprits, il a eu peur de ce squelette. Alors, tout en gardant sa ligne en main, il s'est mis à courir, à courir, et plus il courait, plus elle le suivait, plus elle le suivait, plus il courait, plus il courait, plus elle le suivait... ça ne s'arrêterait donc pas. Arrivé à son igloo, il est entré et a glissé la peau de phoque devant l'ouverture. Il y a eu un grand silence, puis il a allumé la lampe à graisse. La femme-squelette était là, assise par terre, au fond de l'igloo, elle ne bougeait pas, elle était toute emmêlée, une phalange de pied dans une oreille, un coude dans le bassin, la tête vissée vers l'arrière. Il l'aurait trouvée drôle, même touchante, si elle n'avait pas été si effrayante.
Au bout d'un moment, il a commencé à s'habituer. Après tout un squelette c'est humain. Lui aussi était humain, il avait de la chair, elle n'en avait pas, et voilà, Après tout, qu'est-ce qu'elle aurait bien pu lui faire ?
Il s'est approché, doucement, progressivement, surveillant sa réaction, dans la lumière douce de la lampe à graisse, et avec ses doigts, qui avaient l'habitude de démêler les noeuds de fil, il a défait patiemment tout cette cordelette translucide, emberlificotée d'un os à l'autre. Il a fait ça précautionneusement, en chantonnant doucement. Ensuite il a remis les os en place, tous, elle était mieux comme ça. Elle ? Oui, La mâchoire était petite, les hanches arrondies, elle avait sûrement été une femme. Il a même posé une pelisse de phoque sur ses épaules.

Cette invraisemblable fin de journée l'avait fatigué. Il s'est déshabillé, complètement, et s'est engouffré sous une épaisse couverture en fourrure d'ours. Il a soufflé la lampe à graisse près de lui et, très vite, s'est endormi...

À demain, pour la suite.... et fin
Bonne fin de journée !
Patricia


 

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