Certains évènements de la vie font que l'on peut se trouver "cloîtré" chez soi. Le champ extérieur, soudain rétréci, est parfois l'occasion de s'apercevoir que l'on est vaste, à l'intérieur.
Et l'on pense à "monastère", du latin monasterium et du grec monos... seul.
Un moine vit avec ses frères, il n'est pas seul, il est pourtant seul avec lui-même car retiré du monde. L'univers dont nous faisons partie est immense et nous dépasse, cet univers est cependant aussi en nous. Et allez savoir lequel des deux est le vrai...
Tout cela m'évoque évidemment une histoire
Celle de cet homme, qui vit dans sa maison, près de son figuier, au bord d'un champ. Chaque nuit il fait le même rêve, il s'en va, marche à travers son pays, arrive à la mer, prend le bateau, débarque en Egypte, va vers le Caire, voit un pont au pied duquel il creuse et trouve un trésor. Chaque nuit le rêve est le même.
Un beau matin il prépare son sac de toile, y met un pain et quelques figues et part vers son rêve. Il marche à travers son pays, arrive à la mer, prend le bateau, débarque en Egypte, va vers le Caire, voit un pont au pied duquel se trouve un mendiant, couché, guenilleux, édenté, qui regarde notre homme planté là et lui dit,
- "Que cherches-tu étranger ?
- Il me faut creuser à l'endroit où tu es, car je fais le même rêve depuis des lustres et je sais que là est un trésor."
L'autre, soudain ragaillardi, s'assied, rigole, pointe du doigt ce rêveur de merveilles et lui dit :
- "Ah, pauvre idiot, les rêves sont des rêves, rien de plus... Si je te disais que moi, chaque nuit, je rêve que je marche à travers l'Egypte, que j'arrive à la mer, que je prends le bateau et que je parcours un pays pour arriver devant une petite maison près d'un figuier. Je creuse alors au pieds du figuier et j'y trouve un trésor. Suis-je assez bête pour y aller ?
Les rêves sont des rêves, rien de plus. Retourne chez toi, ici, crois-moi, n'est aucun trésor."
Notre homme quitte le pont, il a dans les yeux une lumière de plus, il quitte l'Egypte, arrive à la mer, prend le bateau, marche à travers son pays et arrive devant sa maison, près du figuier. Il pose son sac, va chercher une pioche, et déterre le trésor du figuier.
Partir... revenir... rester... découvrir
Je vous souhaite de beaux voyages, proches ou lointains ils nous ramènent tous au pied du figuier
à bientôt !
La gaillarde conteuse...