Aujourd'hui vous avez droit à un bouquet vraiment minuscule. J'ai posé un Bic à côté pour que vous puissiez vous en rendre compte !
Ce qui est petit est joli... c'est du moins ce que j'ai toujours répondu lorsqu'on me faisait remarquer ma petite taille.
Vous serez d'accord, il me semble, pour reconnaître la tendre délicatesse de cette poignée de fleurettes aux vives couleurs. Œillets, sédum, lavande, nigelle et achillée vous souhaitent un petit Dimanche très paisible.
Diantre, trop de mots savoureux, en usage au XIXème siècle, ont disparu de notre langue, alors que d'autres, moins bien faits, envahissent nos parlers. Le Jeudi ici sera une place pour les recevoir, car il serait dommage de les perdre complètement. Et voici pour commencer un texte énigmatique ! Pas d'inquiétude, je vous le "traduirai"...
Commençant par A
À l'avant-courrière du jour, des aîtres, qui tout de suite me semblèrent aliborons, qui se prétendaient almées, s'exprimaient d'une manière amphigourique. Mais j'ai appris depuis qu'il cultivaient des azédarachs !
à l'avant-courrière du jour : à l'aube des aîtres : des êtres aliboron : âne, homme ignorant qui fait le connaisseur almées : danseuses orientales amphigourique : obscure azédarach : variété d'arbre
Pour ma part je regrette grandement l'abandon de ces beaux mots !!
Jeudi prochain, ils commenceront par B
bonne soirée
la gaillarde conteuse
Pour réaliser ces textes je m'inspire de l'ouvrage LES MOTS DISPARUS - Pierre LAROUSSE
Ça y est, toutes les herbes du jardin d'aromatiques sont séchées, elles parfumeront les plats toute une année et donneront des tisanes aux bonnes vertus. Parmi elles le laurier a une belle place, déjà par sa taille, par le parfum qu'il offre aux viandes et aussi parce qu'il a une portée symbolique intéressante.
Apollon, dieu grec, poursuivait la nymphe Daphné dont il était épris. Pour la protéger, son père la métamorphosa en laurier. Apollon honora alors cet arbre et le consacra aux triomphes. Le laurier devint ainsi l'arbre d'Apollon. Les grecs, puis les romains, en couronnaient les athlètes, les poètes, les savants.
Savez-vous que le mot baccalauréat (dont c'est la saison) en descend directement, puisqu'il nous vient de bacca laurea, baie de laurier...
Une ancienne croyance chinoise disait que sur la lune vivaient un immortel et un laurier.
En tout cas chez nous feuille de laurier
Évoque surtout les viandes mijotées ! 😄
Petite j'habitais en ville. Je n'avais jamais vu la campagne. Je ne connaissais que les rues, les trottoirs, les becs de gaz, les petits immeubles, les magasins. Mon grand frère était bien plus âgé que moi. Un jour il a épousé une fille de paysans. Le Jeudi en ce temps-là je n'avais pas classe et on m'emmenait à la ferme pour me faire prendre "le bon air."
La découverte de la campagne a été pour moi une grande révélation.
Mon neveu Patrick, qui avait quatre ans de moins que moi, était mon meilleur ami de jeux. Toujours souriant et si gentil, il était mon complice des Jeudis. La ferme avait une grande cour, avec un poulailler, des clapiers à lapins, une porcherie, un potager et un petit chemin qui menait aux champs. Nous étions libres de notre temps. Aller voir si les poules avaient pondu des œufs, dévorer les fruits du grand cerisier, courir dans les blés pour cueillir bleuets, coquelicots et marguerites, assister à la récolte de pommes de terre, circuler avec une petite charrette, sauter en riant dans le grenier à foin où l'on montait par une grosse échelle de bois, porter le tablier à grande poche remplie de maïs et de blé pour nourrir la volaille. Dindons, coqs, poules, poussins, pintades arrivaient en se bousculant et en glissant sur les fientes éparses. Quelle vie ! Et puis se cacher dans les greniers parfumés, où les gros coffres à grains semblaient dormir sous les larges et longues poutres. Il faisait si chaud là-haut l'été !
Le grand-père, qui savait ma grande peur des cochons, ouvrait parfois discrètement la porte de la porcherie, les bêtes jaillissaient alors en grognant. Je filais aussitôt me cacher dans la cuisine. Je l'entendais rire. Il était moqueur mais c'était un brave homme.
Ces Jeudis m'ont marquée pour toujours et à présent je vis à la campagne. Les fleurs, les épis, les poules, les cerises, les cochons, les charrettes, les échelles de bois, me ramènent aussitôt à la joie de ces Jeudis merveilleux de mon enfance avec Patrick, à la ferme.