MENSONGE ET VÉRITÉ 1ère partie
MENSONGE ET VÉRITÉ
Conte traditionnel - Version de Patricia Gaillard
Un jour la vérité, jusque-là invisible et discrète, décida que le temps était venu de se montrer aux hommes. Elle fit son domicile dans un corps, pris au hasard dans la multitude des corps de notre terre. Une fois bien installée, elle se drapa d’une large cape, un peu rosée, couleur d’aube lumineuse.
Était-ce une coïncidence, je ne saurais le dire, ce même jour le mensonge eut une inspiration toute semblable, et après avoir trouvé à se loger dans le premier passant venu, il s’enroba d’un long manteau bleu de nuit. Chacun des deux, fier et convaincu de ce qu’il était, conserva simplement son nom et c’est ainsi que dans notre monde arrivèrent un beau jour, Mensonge et Vérité.
Le destin a de l’humour et aime beaucoup jouer. Il les fit donc se rencontrer ce qui n’a pas du être aisé. À une croisée de chemins ils tombèrent nez à nez, chacun très étonné de voir là son contraire. Aucun ne jugea ni ne critiqua l’autre, ils prirent la même route, marchèrent du même pas et parlèrent des hommes, chacun prétendant être pour eux un pur bienfait. Ils en étaient si fortement convaincus, que le ton entre eux peu à peu monta.« Oh, c’est bien simple, dit Vérité, pour finir, tout en drapant dignement sa cape rosée tout autour d’elle, nous allons interroger là-dessus les trois premiers passants. Nous saurons ainsi comment on nous voit, l’un et l’autre, dans ce monde. »
Tope-là, Mensonge était d’accord. Un avis extérieur, mieux encore objectif, saurait sûrement trancher ce trop grinçant débat. Ils s’assirent tous deux comme un seul homme sur un carré de mousse et patientèrent un bon moment, la route où ils étaient n’étant pas des plus fréquentées.
À demain, chers passants...