Le jardin du 10 Août

Publié le par Patricia Gaillard

Cette année la maturation des fruits semble avoir de l’avance. Les belles framboises sont récoltées chaque jour, les figues grossissent, les pommes aussi. Certaines d’entre elles roulent dans l’herbe, leurs joues sont déjà un peu rose, un peu jaune, elles ont déjà un bon parfum.
En parlant de pommes, il me vient à l’esprit une histoire que j’aime et qui ne manquera sûrement pas de vous plaire. C’est l’histoire du pommier de la misère. 
et la voici...

 

Illustration tirée du livre Secrets et remèdes d’Hildegarde de Bingen

 

1-LE POMMIER DE MISÈRE
(version de Patricia Gaillard)
 

Figurez vous qu’il y a fort longtemps vivait, dans un village de notre bon Jura, une vieille qui s’appelait misère. Elle avait une maisonnette minuscule, un bout de potager, qui lui permettait de subsister et comme elle n’avait ni blé ni four, elle mendiait son pain ou elle ramassait un morceau du pain dur qu’on jetait aux poules. Elle n’avait pas grand-chose.

Pour dire la vraie vérité, elle avait tout de même quelque chose, dans un petit lopin clos, derrière son potager, c’était un arbre, un pommier, un très beau pommier, le plus beau du village, qui donnait de très gros fruits, rouges et luisants.

Bien sûr cet arbre attirait à l’automne les gamins du village, oh ils avaient bien des pommes chez eux, mais ils trouvaient meilleures, c’est bien connu, celles qui sont chez les autres. La vieille avait du mal à défendre ses pommes, mais comme l’arbre était généreux, il en restait quand même pour son hiver.

L’année où se déroule cette histoire l’hiver était si dur que les loups sortaient des forêts pour rôder autour des maisons du village. Tout le monde avait faim, misère encore plus que les autres. Elle était assise, un soir, devant sa cheminée, où brûlait une de ses dernières bûches. Dans une marmite en fonte noire, pendue au dessus du feu, mijotait une soupette de haricots et d’oignons. Une voisine lui avait cédé un morceau de pain dur qui ferait des croûtons honorables. La vieille ne savait pas ce qu’elle mangerait le lendemain, mais ce soir en tout cas elle serait déjà heureuse.

Elle entendit soudain frapper à sa porte. Sursautant d’abord, car elle ne recevait jamais de visite, misère se leva, entrouvrit sa porte, dehors il faisait nuit, on entendait mugir un vent terrible et il neigeait à plein temps. Un homme se tenait debout dans cette tourmente.

« Ayez pitié de moi, je suis perdu, j’ai faim et froid.« 

La vieille, qui savait très bien ce que c’était que d’avoir faim et froid, ouvrit grand sa porte à l’étranger. Elle le fit asseoir, lui prêta un châle de laine trouée, et lui dit :

« Vous tombez bien, la soupe est justement prête, nous allons la partager, elle n’est pas grosse mais je crois qu’elle est bonne. »
Ils partagèrent la soupe, le pain dur, puis elle lui céda son matelas de paille et dormit sur le fauteuil devant les quelques braises qui mouraient.

 

Elle se réveilla avant lui, il ne neigeait plus, il faisait même un clair soleil, elle décida d’aller mendier de quoi nourrir son invité.. Mais quand elle se retourna pour prendre sa canne, elle le vit debout, son bâton dans la main, prêt à partir.

« Ma bonne misère je vais pour te remercier exaucer un vœu. Que désires tu ? »

La vieille était si étonnée qu’elle ne dit rien et resta la bouche ouverte...


à demain pour la suite 


la gaillarde conteuse

 

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