Le jardin du 7 Septembre

Publié le par Patricia Gaillard

Le ciel un soir de septembre


 

Le jardin du 7 Septembre

 

Le petit chêne est à nouveau malade. Cette fois je crois que je vais laisser faire la nature... elle fait son tri, et c’est grâce à cela qu’il n’y a pas sept chênes dans notre jardin, ou dix noisetiers, ou cent aulnes ! après tout j’ai, en ce qui concerne le petit chêne, une réaction humaine : faire l’impossible pour le soigner. Voici pourquoi nous sommes, nous, sept milliards et demi sur la terre.

Je me suis attachée à lui, du coup je ne veux pas le perdre, du coup j’empêche sa mort, alors que c’est peut-être son destin car là où il est placé il faut bien reconnaître que son développement est compromis, ou alors il va compromettre celui d’un autre arbre.

Ça me rappelle une anecdote qui vaut d’être ici contée.

Nous avions des canards colverts sur l’étang. Chaque printemps les canes faisaient des nids dans les joncs et les iris et très peu de naissances avaient lieu, car les mangeurs d’œufs étaient nombreux... et ceux qui ne dévoraient pas les œufs dévoraient les canetons nouveaux-nés qui disparaissaient un à un au fil des heures. Choqués par tant de défaites, nous avions emprunté dans le village un piège à trappe, qui prend sans tuer, pour prélever au fur et à mesure les prédateurs et protéger ainsi les couvées. Nous allions vider la cage dans les bois d’alentour, bien sûr... nous avons pris ainsi corbeaux, hérissons, rats... et nous étions fiers de protéger les belles couvées de nos canes.
Oui mais... il y a eu cette année-là, grâce à notre vigilance, une quarantaine de petits canetons ! En comparaison des trois ou quatre qui restaient les autres années, le plan avait très bien marché.

Mais les canards - alors bien trop nombreux pour le lieu - n’ont plus trouvé à se nourrir, il a fallu y subvenir. Nous étions devenus ainsi les nourrisseurs et dès que nous mettions un pied dehors, tous les canetons nous suivaient en troupeau grouillant, cancanant duveteux et excrémentant ! 
Oh après nous être extasiés quelques jours devant ces si jolis tout mignons, comme nous avons vite trouvé qu’ils étaient envahissants, collants, exigeants ! Pas moyen de leur échapper, nous étions repérés dès que nous faisions un pas dans le jardin. Nous avons réalisé alors la stupidité de notre réaction et avons regretté de n’avoir pas laissé la nature faire son travail de régulation des naissances, qu’elle fait si bien.

Dès que l’humain se mêle de gestion de la nature, les choses se compliquent.

Nous le voyons bien

Je vais donc laisser le petit chêne à sa destinée...

il guérira, ou pas

Mais ce sera sa vraie vie

Pas celle que j’aurai décidé pour lui

 

la gaillarde conteuse

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