Le jardin du 29 juillet
Et voilà les haricots !! C’est toujours une merveille d’accueillir les haricots au jardin. Et cela me donne l’idée et l’envie de vous raconter une histoire si connue qu’on l’oublierait presque à force de chercher des contes exotiques. Il en est des contes comme des fruits, nous en oublions parfois nos bonnes vieilles variétés. Revenons donc à nos fondamentaux et voici, en quelques petits épisodes, le compte de Jack et de son haricot magique. Je vous présente là ma version, L’original étant un conte de Joseph Jacob dans english fairy tales publié à Londres en 1890.
La petite chanson est extraite de l’œuvre de John Dowland (1562-1626)
My god, my god… Quel paresseux garçon ! Il s’appelait Jack, il vivait tout là-bas avec sa mère dans la campagne brumeuse autour de Londres, en Angleterre… Une maison misérable… Devant il y avait une vache, si on peut dire, une bête vieille, maigre, avec une mauvaise haleine et puis des pis tout secs. Et puis un bout de jardin, avec trois choux hirsutes.
Il était gentil, Jack, mais tellement paresseux… rêver, à ça, rêver il savait faire, des projets impossibles, des châteaux espagnols en plein cœur de l’Écosse. Un artiste peut-être, en attendant pas capable de rapporter trois sous, personne ne voulait l’engager. Le jour où commence mon histoire, il ne leur restait plus qu’une solution : vendre la vache.
« Demandes-en quand même quelques souverains d’or » dit la mère.
Jack partit au petit matin, la vache derrière lui. Ils allaient du même pas, n’ayant ni l’un ni l’autre très envie de marcher, mais les sous n’allaient pas tomber du ciel, quoique…
Au détour d’un chemin, un petit vieux racorni était assis sur une souche. Jack le salua, ils discutèrent un peu, le garçon parla de tirer quelques pièces d’or de sa vache au marché voisin. Alors le vieux, d’une voix tranquille comme si c’était parfaitement normal, lui proposa cinq haricots rouges contre sa vache.
« Cinq haricots, même rouges, contre une vache, même vieille, quand même, hoho faut pas exagérer ! »
Oui mais ces haricots, paraît-il, était magiques et plantés le soir, à la nuit tombante, au matin ils caressaient le ciel de leurs feuilles velues !
« Jusqu’au ciel Jack, jusqu’au ciel ! C’est comme je te dis ! »
Ah ce vieux, le savait-il ou pas, mais ces mots chatouillaient les rêves qui dormaient dans la tête de Jack. Jack tendit la main, le vieux y posa cinq haricots rouges bombés et luisants. Le garçon lui laissa la vache et s’en alla en chantant
Behold a wonder here
Love hath receiv’d His sight
Which Manu hundred years
Has not beheld thé light
Sa mère, l’entendant si joyeux, pensa qu’il avait fait une bonne affaire. Mais quand il lui conta son histoire, le vieux, les haricots rouges magiques et tout ça, quelle gifle elle lui retourna ! Elle ramassa les maudits haricots roulés au sol, ouvrir hargneusement la porte et les jeta dehors, dans le tout petit jardin misérable.
Jack, les joues en feu, le ventre creux, malheureux, s’endormit recroquevillé dans un coin sombre et crasseux de la cuisine.
À demain !
la gaillarde conteuse