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Le Chevalier Dormant - Partie 3

Publié le par Patricia

Partie 3

illustration collection personnelle
Un jour qu’il chassait sur ses terres car il était maintenant le seigneur tout neuf de ce château, Hugdietrich aperçut au détour d’un sentier un jeune humain qui jouait avec des loups. Il avait leurs manières et portait au cou une chaînette d’or fin que Hugdietrich reconnut. Il empoigna ce fils retrouvé et le ramena au château vers la belle Hildegonde qui pleura de bonheur. Pour rassembler dans son nom ses deux familles on appela cet enfant Wolfdietrich. Mais le petit avait été élevé par des bêtes sauvages, ses façons libres lui attirèrent le mépris de beaucoup. Même son père, pour finir, l’évitait.
Un jour Hugdietrich demanda à son meilleur chasseur d’emmener ce « loup » au fond de la forêt pour le tuer. Le chasseur, terrifié par la tâche, prit l’enfant par la main. Il s’enfoncèrent tous les deux dans les bois, que le petit retrouva avec ravissement, comme une ancienne demeure. Ils marchèrent longtemps en silence, mais jamais le chasseur ne trouva le courage de tuer cette proie innocente et fragile. C'est alors qu' ils rencontrèrent un brave charbonnier. Le chasseur lui confia l’enfant et donna à l’homme quelques pièces d'or qu'il tira d'une bourse à sa ceinture. Le charbonnier accepta l’un et l’autre comme des dons du ciel, car il était bien pauvre et venait de perdre son unique garçon…

 

À DEMAIN…

 

La gaillarde conteuse

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Le Chevalier Dormant - Partie 2

Publié le par Patricia Gaillard

Partie 2

illustration collection personnelle

Car il arriva, celui qui pouvait ce que ne pouvait aucun autre.
Nul ne pourra vous dire comment il y parvint. Les prodiges, les vrais, conservent leur secret. Il arriva de nuit devant la tour gardée par des chiens enchaînés que la faim rendait vils et des archers nombreux aux flèches assassines à qui rien n’échappait. Malgré tout il monta là et gravit une à une les pierres glissantes, pour parvenir enfin à l’unique fenestron de la taille d’un grand livre. Un coup de doigt pointu sur le vitrail et la belle Hildegonde, enivrée, le recevait chez elle. Il s’appelait Hugdietrich. Elle lui donna son cœur et bien des choses en prime et cette prison froide et austère devint en quelques heures le lieu tiède et doux des plaisirs de l’amour.
Il ne faut jamais cesser d’attendre…
Cette flamme enfermée dura toute une année sans perdre sa chaleur. C’est le temps des amants où rien ne peut compter qui ne soit pas l’amour. Un enfant arriva et plongea Hildegonde dans une angoisse folle : les pleurs du bébé n’allaient pas pouvoir rester cachés longtemps et son terrible père, forcément, saurait tout.
Vers la fin d’une douce nuit de lune, alors que son chevalier dormait, Hildegonde glissa, au bout d’un drap de lin, son doux enfantelet jusqu’au fossé. Les larmes du nouveau-né, sans aucun doute, sauraient toucher quelque femme du village qui aurait pitié. Mais ce fut une louve qui, passant par là, emporta le garçonnet. Elle le nourrit et l’éleva comme les siens. Les bêtes partagent sans haine.
Emporté par une vilaine blessure de tournoi, le père de Hildegonde et sa sombre nature quittèrent enfin ce monde. Cette mort libéra d’un coup l’amour des deux amants. Un autre enfant leur vint, mais comment oublier celui qu’au fossé ils avaient délaissé ? Était-il seulement vivant, devenu avec bonheur l’enfant d’une soubrette ou bien de paysans ?

À DEMAIN…

La gaillarde conteuse           

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Le Chevalier Dormant - Partie 1

Publié le par Patricia

Partie 1
 


Bien des chevaliers dormants sont étendus ça et là dans les lieux sacrés de l'Alsace. Leurs statues de pierre, couchées, les yeux clos, semblent attendre quelque chose. Il en est un dont l'histoire est étonnante, c'est Wolfdietrich. Il dort sous une pierre plate, dans la forêt d'Ax, à Guebwiller. Il se réveille tous les cent ans de sa rigidité patiente, se lève doucement et son regard se perd un long moment vers chaque point cardinal puis à nouveau il s'étend au coeur de la pierre froide pour un siècle de plus.
Il attend. 

Installons-nous autour de ce guerrier dormant et déroulons son histoire...

En ce temps-là le château de Saneck se dressait encore, environné de grands arbres qui abritaient sous leurs sombres frondaisons de nombreuses bêtes sauvages. Une des tours rondes, plus large mais plus basse que les autres, était la prison d'une jeune princesse, si jolie à voir et si passionnante à fréquenter que son père, torturé de jalousie, avait décidé de la retenir à jamais près de lui. Nombreux furent les jeunes seigneurs dont le coeur se troubla pour la belle captive. Mais, malgré l'audace, la force et la témérité qui les animaient tous, aucun d'eux n'arrivait au pied de ce beffroi maudit sans y perdre la vie. Et la jeune fille rêvait, des heures entières, dans l'obscurité triste, à un grand chevalier qui sauverait son coeur de cette armure de pierres et de mousses gelées.
Il ne faut jamais cesser d'attendre...

À DEMAIN...

la gaillarde conteuse

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fin d'un voyage pas ordinaire (jour 9)

Publié le par Patricia Gaillard

JOUR 9

la fin

Mes amis, vite, revenez à moi. Notre tapis est orange et brillant comme jamais.
C’est que cette dernière envolée sera celle de l’adieu, après nous ne reverrons plus notre chère monture.
Il faudra revenir à nos pieds, nos vélos, nos motos, nos voitures...
Ce matin nous partons pour ce château final, le roi nous y attend. Munissez vous bien vite de vos objets magiques, brossez vos chevelures, briquez votre minois, habillez-vous d’or et de soies, je vais vous présenter à un grand personnage, qui connaît de vos âmes le plus petit recoin, car c’est chez lui qu’arrivent vos rêves, vos désirs, vos fantasmes et vos projections. En grand ordonnateur, il tisse tout cela pour en faire des contes, propres à vous nourrir, à vous guider, à raconter au monde vos schémas intérieurs qu’il disperse sur terre comme des graines de blé.
Regardez ce château, chacun de vous le voit selon ses rêves et ses désirs, et regardez ce roi. Bien sûr il n’est pas grand, ni vêtu de velours et d’hermine, bien sûr la couronne de sa tête n’est pas faite d’or fin. Mais qu’attendiez vous donc, filles et fils de la terre ?
C’est un être sans âge, dont on ne peut même dire s’il est fille ou garçon, il est menu et pâle dans son vêtement de neige et de vent, sa couronne est une ronde de vers luisants et son sceptre une branchette d’aubépine. Mais allez le voir, surtout n’hésitez pas, car à le rencontrer on puise sacrément à la source de nos mythologies humaines et à celles de nos cœurs. De l’esprit aisément il sait défaire les nœuds et nous renvoie sur la terre un peu plus neufs à chaque fois.
Et pendant que vous irez à lui, je m’en irai. Il y a dans cette terre sacrée un trou dans le sol, caché à peine par quelque lierre fou. C’est par là que je pars, vous en ferez autant quand vous aurez fini. C’est un petit boyau en spirale, qui en quelques secondes vous ramènera ici, dans notre monde.
Une dernière chose, chers compagnons de ce voyage de printemps qui m’a fort amusée, n’oubliez pas que ce trou de voyage est praticable dans les deux sens et à tout moment. Il ne tiendra qu’à vous de revenir, même sans moi, comme des grands.
Merci d’avoir accepté de me suivre dans ce délire de conteuse, cependant moins délire qu’on ne croit...

À LUNDI, POUR UN DÉBUT DE CONTE, SACHEZ-LE ! 

je vous embrasse à la volée !

la gaillarde conteuse

 

 

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