Le Chevalier Dormant - Partie 2
Partie 2
illustration collection personnelle
Car il arriva, celui qui pouvait ce que ne pouvait aucun autre.
Nul ne pourra vous dire comment il y parvint. Les prodiges, les vrais, conservent leur secret. Il arriva de nuit devant la tour gardée par des chiens enchaînés que la faim rendait vils et des archers nombreux aux flèches assassines à qui rien n’échappait. Malgré tout il monta là et gravit une à une les pierres glissantes, pour parvenir enfin à l’unique fenestron de la taille d’un grand livre. Un coup de doigt pointu sur le vitrail et la belle Hildegonde, enivrée, le recevait chez elle. Il s’appelait Hugdietrich. Elle lui donna son cœur et bien des choses en prime et cette prison froide et austère devint en quelques heures le lieu tiède et doux des plaisirs de l’amour.
Il ne faut jamais cesser d’attendre…
Cette flamme enfermée dura toute une année sans perdre sa chaleur. C’est le temps des amants où rien ne peut compter qui ne soit pas l’amour. Un enfant arriva et plongea Hildegonde dans une angoisse folle : les pleurs du bébé n’allaient pas pouvoir rester cachés longtemps et son terrible père, forcément, saurait tout.
Vers la fin d’une douce nuit de lune, alors que son chevalier dormait, Hildegonde glissa, au bout d’un drap de lin, son doux enfantelet jusqu’au fossé. Les larmes du nouveau-né, sans aucun doute, sauraient toucher quelque femme du village qui aurait pitié. Mais ce fut une louve qui, passant par là, emporta le garçonnet. Elle le nourrit et l’éleva comme les siens. Les bêtes partagent sans haine.
Emporté par une vilaine blessure de tournoi, le père de Hildegonde et sa sombre nature quittèrent enfin ce monde. Cette mort libéra d’un coup l’amour des deux amants. Un autre enfant leur vint, mais comment oublier celui qu’au fossé ils avaient délaissé ? Était-il seulement vivant, devenu avec bonheur l’enfant d’une soubrette ou bien de paysans ?
À DEMAIN…
La gaillarde conteuse