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Le jardin du 6 Juillet

Publié le par Patricia Gaillard

Le jardin du 6 Juillet

Ouvrant ma porte sur la pluie douce de ce matin, j’ai vu s’envoler, dans le pré voisin, un grand corbeau. Le plumage de cet animal me fait toujours penser à l’étoffe de taffetas noir d’un très vieux costume de théâtre.
Les bêtes ont parfois des attitudes surprenantes, même les bêtes sauvages qui pourtant ne nous sont pas volontiers familières. Un de mes voisins m’a raconté qu’un jour de sa jeunesse il avait trouvé un corbeau blessé. Son père l’avait pansé. Puis, pour le garder à l’œil, il l’avait mis avec les poules, puisqu’elles étaient un peu ses semblables. Elles l’avaient tout de suite accepté. Il mangeait avec elles, circulait comme elles faisaient, grattant le sol du pied, gobant lestement vers de terre et limaces. Il avait même fini par caqueter comme ses compagnes, peut-être pour être sûr d’être tout à fait adopté. Le père avait interdit que les enfants lui donnent un nom, il disait qu’il fallait lui laisser sa sauvagerie. Alors ils l’appelaient simplement “le corbeau.” Une fois guéri, l'oiseau s’en allait régulièrement, puis revenait, puis repartait, jusqu’au jour où il n’est plus revenu, rappelé par son instinct sauvage et libre. Mais, dans la forêt voisine certains jours on entendait le cri d’une poule, là-haut, dans les arbres. On savait alors que “le corbeau” était par là, et qu’il avait quand même conservé le souvenir de sa vie domestique. Ça faisait plaisir à la famille. Les enfants l’appelaient bien un peu, parfois, mais il n’est jamais revenu.

la gaillarde conteuse 

 

 

 

 

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Le jardin du 5 Juillet

Publié le par Patricia Gaillard

Le jardin du 5 Juillet 

Les tomates rougissent
les courgettes grossissent
les mûres mûrissent,
Un petit vent
les roseaux frémissent 
l’étang se plisse
les feuilles des pommes de terre 
rapetissent
jaunissent
noircissent
enlaidissent
dans ce jardin il n’y a pas de statice
ni de narcisse
et nous ne nous appelons pas Candice 
ni Maurice
C’est ballot
C’eût été rigolo
La paille des allées crisse
sous nos sabots qui surgissent
je vais tailler la mélisse 
le jardinier lui, ratisse
Nos joues rosissent
Les rayons palissent
La chaleur rapetisse
Voici un joli jour qui glisse
Vers le passé
J’avais envie de m’amuser
😊
La gaillarde conteuse 

 

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Le jardin du 4 Juillet

Publié le par Patricia Gaillard

Nous avons le regret de vous annoncer le décès de madame Lataupe, survenue le 3 juillet à une heure imprécise, à la suite de trop d’insistance.  

Les obsèques se dérouleront dans l’intimité la plus réduite et dans la plus grande simplicité. La morte, de nature franchement païenne, ne voulait surtout pas d’office religieux. 

Et comme dit notre fille « Il faudrait la faire incinérer, après toute une vie sous terre elle a peut-être besoin de changement. »

je l’avais dit que ça finirait mal... mais, figurez-vous qu’à notre grande surprise, un nouveau monticule nous attendait ce matin... Elle n’était donc pas seule ! Ces jolies bêtes au poil si doux sont décidément tenaces. La chasse continue.

La gaillarde conteuse...

 

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Le jardin du 3 Juillet

Publié le par Patricia Gaillard

Le jardin du 3 Juillet 

Bien sûr la majeure partie du temps les petits événements du jardin sont agréables. Des étonnements devant des semis germés, de jeunes fruits ou légumes qui arrivent, de belles feuilles luisantes et vert tendre. Mais il y a aussi les jours sans, et hier a été de ceux-là car mercredi soir le ciel s’était brusquement noirci, un noir lugubre, violet, menaçant. Puis un grand vent s’était levé. Les branches du grand noyer du voisin, avec leurs larges feuilles,  semblaient d’immenses voilures battues par un incroyable souffle et notre beau sapin était secoué de haut en bas, comme une simple brindille. Et puis de lourdes gouttes se sont mises à tomber, éparses, puis de plus en plus serrées, tombant fortement en plic-ploc éclaboussants. Ça n’a pas duré longtemps. Un gros orage. Mais hier matin au jardin, ouaille, que de surprises. Le plant le plus beau, qui portait trois petites courgettes, était cassé net à la base. Il n’en restait plus qu’un moignon misérable… Nos tendres salades étaient collées à la terre, tachées de boue brunâtre, en paquets. Les arbres secoués avaient perdu une multitude de feuilles, brindilles, graines, qui jonchaient le sol mouillé et sale. La passiflore, cette si gracieuse grimpante, était couchée sur la terre. Même avec une ficelle et de bonnes intentions, je n’ai jamais réussi à lui rendre sa grâce naturelle et elle semble maintenant un gros bouquet, pendu lourdement à un clou. 
Dans ce charivari, les limaces sont ravies, les bougresses ! 
Et puis un gros groupe de doryphores a réinvesti les charlottes. Mais si. 
Et puis madame la taupe n’a pas abandonné la place. Ça va mal finir… 
Le jardinier doit avoir dans sa poche, près du couteau et du mouchoir, une dose de constance pour accepter, sans perdre son sourire, les aléas du potager. 

La gaillarde conteuse 

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