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LA PETITE FILLE AUX ALLUMETTES (danemark) 2ème partie

Publié le par Patricia Gaillard

LA PETITE FILLE AUX ALLUMETTES (danemark) 2ème partie
(version de Patricia Gaillard)

Elle grelotte mais ne peut retourner chez elle, elle n'a pas récolté la moindre piécette et craint la colère de son père. Le froid vaut mieux que lui. Ses mains lui font mal jusque sous les ongles. De délicieux parfums  sortent des demeures autour d'elle, des fumets de viandes qui mijotent, des odeurs de gâteaux au four, qui torturent son ventre creux.
Elle aperçoit une encoignure, entre deux maisons, elle s'y glisse et s'y accroupit, peut-être y sentira-t-elle moins le froid. La neige a fait sur sa jolie chevelure et sur ses épaules comme un châle blanc, de cristaux légers, la rendant pareille à une fée de l'hiver. La nuit maintenant est bien noire, les réverbères sous la neige éclairent mal la ruelle, les vitrines s'éteignent peu à peu, les gens sont rentrés chez eux. Il ne reste que quelques passants qui avancent, penchés, sous la neige. Qui pourrait remarquer cette fillette, blottie dans ce coin de mur obscur...
Elle met ses mains dans ses poches et sent les allumettes. Si elle en craquait une, juste une ? Elle imagine déjà la bonne chaleur de la flamme. Alors elle n'hésite plus, en prend une entre ses doigts et la frotte contre le mur. Aussitôt une belle flamme jaune surgit dans un craquement, s'allonge, s'affine et brille comme un soleil dans l'ombre noire. Et cette chaleur soudaine et minuscule, quelle joie, quel bonheur ! Il lui semble maintenant voir devant elle un bon poêle en fonte noire, où trône une grosse bouilloire de cuivre. Elle étend ses pieds, pour les chauffer un peu contre le poêle, mais celui-ci disparaît et elle se retrouve dans le froid et le noir, un restant d'allumette noirci entre ses doigts... Cette fois elle n'hésite pas et prend une seconde allumette. Celle-ci craque avec panache, sa belle flamme éclairant tout alentour ! 

À demain pour la suite, passez une bonne journée...

la photo viendra plus tard dans la journée. Il a fait  -5 ce matin ici, je m'en vais à l'instant prendre des photos du gel !

la voilà !!

 

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LA PETITE FILLE AUX ALLUMETTES (danemark) 1ère partie

Publié le par Patricia Gaillard

La petite fille aux allumettes  (danemark)  1ère partie
(version de Patricia Gaillard)

Elle venait des faubourgs de la ville, ces lieux obscurs, malpropres, où traîne la misère. La mère était partie, le père était souvent pris de vin, et il y avait deux enfants dont un tout-petit. La gamine était l’aînée et  devait mendier, mais elle arrivait toujours, avec son petit air maigre et pâlot, à toucher assez de cœurs pour rapporter quelques piécettes de cuivre.

On était en plein hiver et c’était la dernière nuit de l’année. Un froid tenace s’était installé depuis plusieurs jours. Dans les rues de la ville les gens marchaient vite, crispés, les cols relevés, les mains dans les poches. La vieille neige avait commencé à fondre un peu, puis ce froid intense et soudain l’avait gelée, on aurait cru que tout était recouvert d’une grosse couche de verre lisse et brillant.
La petite était venue par ici car le quartier était cossu. De belles boutiques, aux vitrines éclairées, montraient toutes sortes de merveilles. Fourrures, soies et châles de laine, ou jambons, saucisses et poulardes enrubannées. Chacun cherchait à se faire un doux et bon réveillon. Les gens entraient et sortaient des boutiques, puis filaient, d’un pas pressé, pour retourner dans leurs logis où sûrement un bon feu les attendait. Elle s’était installée sous un réverbère qui était tout vernis par le gel et elle tendait ses allumettes. Mais les passants ce soir-là n’avaient pas besoin d’allumettes et recroquevillés par le froid, le paquet de leurs achats sous le bras, ils remarquaient à peine cette enfant en guenilles, avec une seule chaussure trop grande, les doigts et le visage douloureux, rougis et raidis par le grand froid. Elle se traîna ainsi de rue en rue, puis la nuit et la neige se mirent à tomber en même temps…

À demain pour la suite
Je vous souhaite une bien bonne journée

La photo ci-dessous a été prise dans ma voiture, dont le pare-brise était fortement gelé. Admirez ces arabesques, exactement ce que j'aime !

 

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LE CYGNE (Alsace) 2ème et dernière partie

Publié le par Patricia Gaillard

LE CYGNE (Alsace)  2ème et dernière partie
(version de Patricia Gaillard)

Le bel animal, prodigieux tout d'abord, devint peu à peu habituel, puis banal, puis même un peu encombrant. Jusqu'au jour où la dame, dont le coeur guérissait, trouva cette présence constante vraiment exagérée. Elle se souvint qu'au village voisin il y avait une ferme, où son époux, qui aimait tant les cygnes, en possédait beaucoup. Elle confia donc la brave bête blanche à une servante. Quand celle-ci arriva à la ferme, elle ouvrit le panier à volaille et l'animal en surgit comme un diable et s'enfuit dans un bois proche. Nul jamais ne le revit.

À partir de ce jour la dame fut frappée d'une langueur mauvaise. Ses affaires, peu à peu, tournèrent mal, et sa vie se termina dans une triste misère...
On ne voit pas un ange, s'il prend les traits d'une bête.

"Puis quand les bords de l'eau ne se distinguent plus
À l'heure où toute forme est un spectre confus
Où l'horizon brunit rayé d'un long trait rouge
Alors que pas un jonc, pas un glaïeul ne bouge
Que les rainettes font dans l'air serein leur bruit
Et que la luciole au clair de lune luit
L'oiseau dans le lac sombre où où sous lui se reflète
la splendeur d'une nuit lactée et violette
Comme un vase d'argent parmi des diamants
Dort, la tête sous l'aile, entre deux firmaments."

Sully Prud'homme - Le Cygne

 

 

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LE CYGNE (Alsace) 1ère partie

Publié le par Patricia Gaillard

LE CYGNE  (Alsace) 1ère partie
(version de Patricia Gaillard)

Ce matin, joie, un beau givre recouvre tout !
Souvenez-vous du turban qui auréolait la tête d’Anna, ce turban en plumes de cygne. Ce cygne me rappelle soudain une histoire de mon Alsace natale. Et puis une de mes amies arrive à la saison de sacrifice de ses chers canards… c’est toujours difficile de devoir tuer nos bêtes.
En lisant ce conte, rejoignons-la un peu…

LE CYGNE  (Alsace)  1ère partie

Au village de Diemeringen, dans la vallée de l’Eichel, en Alsace bossue, vivait un chevalier. Il était pétri de vertus, mais il avait, de plus, des dons de magicien, d’herboriste, de voyant et d’astrologue. Il savait manipuler les herbes rares, connaissait le parcours des astres et leurs conversations secrètes avec les êtres et il était bien capable de faire pondre des œufs à un chat ou des sous à un âne. De toutes ces sciences admirables il n’en mettait aucune au service de pratiques noires. C’était un homme bon et juste, estimé de tous et chacun à son art pouvait venir soulager ses soucis.
Un jour, qu’il était penché sur la transparence du destin, il y lut le signe de son propre trépas. Avalant la sentence avec sagesse, il annonça cette fatalité à son épouse. Elle eut beau pleurer, supplier, il savait bien que rien n’y ferait. Nul ne peut retenir le fil qui doit se rompre. Cet homme était cependant moins désorienté par cette nouvelle, que nous ne saurions l’être… Il annonça à son épouse :
- « Trois jours après mon trépas, un cygne blanc viendra vers vous. Prenez grand soin de lui, gardez-le près de vous et rien, jamais, ne vous manquera. »
À quelques heures de là, la mort vint le trouver et lui coupa le souffle pour l’emmener en ce lieu que nous connaitrons tous.

La veuve veilla trois jours près de l' époux, pleurant et priant, même la nuit. Tous ceux qu’il avait soulagé de leurs maux défilèrent lentement devant sa dépouille, étonnés qu’un guérisseur tel que lui n’ait pas su échapper aux lois communes du destin.
Au soir du troisième jour, la dame se retrouva seule, éplorée sous ses voiles noirs, quand un grand cygne blanc entra par une ouverture, ses larges ailes fouettant l’air. Il se posa aux pieds de la dame, fourra sa belle tête au creux de son aile et ne bougea plus. La compagnie silencieuse de l'animal devint un véritable baume et chaque jour la dame perdait un peu de sa tristesse. Il n'est peine qui ne s'émousse, puisque le temps est là pour tout user...

À demain, pour la suite !

 

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