LE CYGNE (Alsace) 2ème et dernière partie
LE CYGNE (Alsace) 2ème et dernière partie
(version de Patricia Gaillard)
Le bel animal, prodigieux tout d'abord, devint peu à peu habituel, puis banal, puis même un peu encombrant. Jusqu'au jour où la dame, dont le coeur guérissait, trouva cette présence constante vraiment exagérée. Elle se souvint qu'au village voisin il y avait une ferme, où son époux, qui aimait tant les cygnes, en possédait beaucoup. Elle confia donc la brave bête blanche à une servante. Quand celle-ci arriva à la ferme, elle ouvrit le panier à volaille et l'animal en surgit comme un diable et s'enfuit dans un bois proche. Nul jamais ne le revit.
À partir de ce jour la dame fut frappée d'une langueur mauvaise. Ses affaires, peu à peu, tournèrent mal, et sa vie se termina dans une triste misère...
On ne voit pas un ange, s'il prend les traits d'une bête.
"Puis quand les bords de l'eau ne se distinguent plus
À l'heure où toute forme est un spectre confus
Où l'horizon brunit rayé d'un long trait rouge
Alors que pas un jonc, pas un glaïeul ne bouge
Que les rainettes font dans l'air serein leur bruit
Et que la luciole au clair de lune luit
L'oiseau dans le lac sombre où où sous lui se reflète
la splendeur d'une nuit lactée et violette
Comme un vase d'argent parmi des diamants
Dort, la tête sous l'aile, entre deux firmaments."
Sully Prud'homme - Le Cygne