LA FIANCÉE DU GEL (russie) 2ème partie

Publié le par Patricia Gaillard

LA FIANCÉE DU GEL  (russie)
2ème partie
(version de Patricia Gaillard)

Je vous disais hier que la petite Anna se console de l'aigreur de sa marâtre, en s'en allant dans la forêt, rejoindre le gel, qu'elle aime.

Macha aimerait se débarrasser de sa belle-fille et elle finit par avoir une idée. Un jour, elle se presse contre son mari et lui murmure, doucereuse... "Ta fille aime tant le gel, il faut la contenter. Prépare ta carriole et ton cheval et emmène-la dans la clairière du chêne. Je suis sûre qu'il viendra l'y trouver. Et elle sera heureuse."

Dans leurs jeux de lits tout neufs, Vladimir devient un peu bêta, au point de trouver bonne cette idée de Macha. Il va trouver Anna et lui dit... "Ma fille habille-toi, prépare un coffre avec tes affaires, je t'emmène." La petite ne dit rien. Les enfants savent ne rien dire. Elle met son large tablier blanc brodé de fleurs, son manteau de laine rousse, son grand châle et ses bottes rouges. Puis elle ouvre son coffre et y range ses quelques affaires. Vladimir l'attend, sur la carriole. Et on s'en va sur le chemin neigeux jusqu'à la clairière du chêne. Les sabots du cheval crissent dans la neige, la bête glisse même parfois un peu vers le côté, mais se rattrape, l'habitude...

Arrivés près du chêne, Vladimir laisse sa fille avec son coffre et s'en retourne à l'isba. C'est la fin de l'après-midi, la nuit commence à tomber.

Le chêne, comme tous ses frères, a gardé des paquets de feuilles sèches, accrochés à ses branches et ainsi une belle plaque de mousse bien verte, à son pied, est restée miraculeusement sèche et douce. Anna s'y installe et pose son coffre près d'elle. Avec la nuit le froid se fait plus intense, elle entend craquer le bois des arbres derrière elle, quelques oiseaux nocturnes traversent le ciel et poussent leurs cris perçants. Anna resserre son châle autour d'elle. La lune se dessine de plus en plus, elle est si nette et si claire que toute la clairière en est nimbée de lueurs blanches qui font avec la neige un ballet lumineux. Et voilà que son châle, son manteau, le tronc du chêne, la mousse, se recouvrent peu à peu d'une  couche de givre irisé, d'une rare beauté. Anna est si prise dans la vision de ce travail d'orfèvre qui se brode sous ses yeux, qu'elle ne sent pas même le froid qui transperce tout.
Soudain, de l'un des quatre chemins qui aboutissent à la clairière, arrive un cheval blanc, conduit par un homme qui porte couronne blanche et manteau blanc. Il s'arrête devant Anna, qui frotte ses yeux, éblouie par la blancheur surnaturelle du cavalier...

À demain pour la suite...

 

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