Le Chevalier Dormant - Partie 4
Partie 4
Partie 4
Le charbonnier et sa femme, bien que déroutés par son étrange nature, élevèrent Wolfdietrich avec beaucoup d’amour et de patience. L’enfant possédait une force colossale, travailler comme son père était pour lui un jeu. Si cette vigueur rare était une vraie richesse, elle cachait en dessous une âme desséchée où aucune émotion ne pouvait se loger. Cette curieuse indifférence lui ôtait le goût de tout.
Pour partir en quête de son cœur véritable, Wolfdietrich quitta ses parents charbonniers, la forêt de l’enfance et tous ses souvenirs. Il partit vers le nord, marchant des jours, des semaines, des mois…
Un soir qu’il s’endormait, couché à même le sol dans un pays lointain inconnu de lui, une norne *, se penchant sur lui, l’invita à la suivre. Il arrivèrent devant un puits, où deux compagnes de la fée l’attendaient en filant un fil très fin et nacré qui se tissait tout seul, formant une tapisserie où se dessinaient les destinées des êtres. Parfois elles s’arrêtaient, puisaient de l’eau du puits et arrosaient avec beaucoup de soin l’arbre du monde qui se trouvait là, qu’elle appelaient Yggdrasil. Puis elles reprenaient leur travail d’infatigables fileuses.
La norne prit la main de Wolfdietrich, le mena dans un palais de pierres roses ciselées, troué de lucarnes aux vitres mordorées, qui donnaient une lumière chaude et dans lesquelles le vent produisait une musique céleste. Puis elle le laissa seul au beau milieu de cet endroit où se mêlaient, dans la plus grande perfection, les sons, les couleurs et le plus exquis bien-être. Une douzaine de jeunes filles, légèrement vêtues, arrivèrent en courant, pour servir Wolfdietrich et exaucer le moindre de ses vœux. Elles étaient sœurs de ces envoûtantes sirènes, qui par leurs chants suaves saisissent l’âme des hommes.
Une fête joyeuse fut organisée pour lui…
À DEMAIN…
La gaillarde conteuse
* Fée des pays nordiques apparentée aux parques et aux moires greco-romaines, fileuses de destinées