L'ONDINE DE MORIMONT - 5ème partie - fin
Partie 6
Et c’est souvent ainsi qu’un conte se termine, mais celui-ci, pardon, a un rebondissement car ce chevalier avait une mère, beaucoup en ont, mais celle-ci n’était pas bonne. Elle détesta Mathilde dès le premier regard et chercha longuement comment briser le mariage, qui était fort heureux, car de jeux d’amour en jeux de lit, en jeux de vie, un bébé arriva, rose, joufflu et tendre. La vieille, qui était femme, voulut faire l’accouchement. Aucun fils ne s’oppose à une telle attention. La naissance terminée, Mathilde, délivrée, fit comme nous faisons toutes : somnoler un peu, enfin, délicieusement. La vieille alors se pencha vers le berceau tiède, prit le bébé dans ses mains et posa à sa place le petit, noir et tordu, d’une quelconque bête misérable. Puis elle jeta l’enfant par-delà le vitrail, aux douves du château où il s’enfonça sans résistance.
Le rejeton noir et tordu dans le berceau souleva l’horreur au château. « Cette mère est sorcière, disait-on, elle a porté au jour un fils de Satan, ébouillantons-la et tuons cet enfant ! »
On tua sans égards la pauvre bête noire et Mathilde fut traînée au-dessus du baquet fumant, elle cria là son troisième souhait. « Que vienne l’ondine ! » Et la dame apparut, gracieuse sur le rebord du baquet, le bébé rose joufflu et tendre dans ses bras et qui n’était pas plus noyé que vous et moi.
Le chevalier découvrit qui était sa propre mère et ne pardonna pas.
Mathilde et son beau chevalier et tous les enfants qui leur vinrent encore eurent une vie grande et forte, comme elle vient parfois à ceux qui ont beaucoup vécu.
On dit que ce sont ces deux-là qui s’installèrent plus tard dans le village de Rixheim, pour diriger de leur sagesse le Haut-Sundgau durant des générations et des générations et des générations…
la la lère la la li l’eau du baquet est refroidie,
la la lère la la li et mon histoire est finie.
À BIENTÔT !
la gaillarde conteuse