Les charmes simples de l’existence
Les charmes simples de l’existence
De temps en temps se coucher très tard ou se lever très tôt, c’est accéder à une autre dimension de la vie. Tout dort. Tout a lâché prise. Tout est absent. J’aime être face à la nuit, aux mystères, à cet ample silence fendu de temps en temps par le cri d’un nocturne ou le passage d’un camion, au loin, sur la nationale. Et puis cette discrète luminosité marbrée du ciel, et toutes ces étoiles comme des yeux d’or qui veillent. La surface de l’étang évoque soudain, je trouve, les romans de George Sand, parcourus d’esprits familiers. Et puis aussitôt voilà que nous rejoint Victor Hugo, et son poème Nuit qui se mêle à l’affaire, voyez comme les rencontres de la nuit sont des rêves…
Nuit
Le ciel d’étain au ciel de cuivre
Succède. La nuit fait un pas.
Les choses de l’ombre vont vivre.
Les arbres se parlent tout bas.
Le vent soufflant des empyrées,
Fait frissonner dans l’onde, où luit
Le drap d’or des claires soirées
Les sombres moires de la nuit.
Puis la nuit fait un pas encore.
Tout à l’heure tout écoutait.
Maintenant nul bruit n’ose éclore ;
Tout s’enfuit, se cache et se tait.
Tout ce qui vit, existe ou pense,
Regarde avec anxiété
S’avancer ce sombre silence
Dans cette sombre immensité.
C’est l’heure où toute créature
Sent distinctement dans les cieux,
Dans la grande étendue obscure
Le grand Être mystérieux.
Victor Hugo, une plume heureuse
et la gaillarde conteuse…