Jour de silence
Jour de silence
Il est 16h. Dans le paysage roux, pas un bruit, le brouillard semble être une ouate isolante et même le chien Lucien se tait. Étrange. Oh, j’oubliais, il doit être à la chasse avec son maître. Pourtant aujourd’hui je n’ai pas encore entendu de ces coups de fusil qui me font de la peine, car je pense aux bêtes des bois poursuivies, traquées, blessées. Ceux qui les abattent savent-ils ce qu’est la souffrance ?
Autrefois, un ami, Jean, qui avait été chasseur, m’a raconté une belle histoire. Un jour de chasse une biche avait surgi juste devant lui, s’arrêtant net, surprise. Dans la seconde il avait épaulé son arme, mais la bête n’a plus bougé et l’a regardé fixement et ce regard a véritablement bouleversé cet homme, pourtant rude. Ce jour-là Jean a rangé son fusil et n’a plus jamais chassé.
Peut-être suffirait-il d’échanger un seul regard avec la bête que l’on s’apprête à sacrifier ?
Et s’il y avait son regard sur le paquet de notre steak…
Pas drôle la conteuse ? Eh non, pas toujours
Je n’aime pas ces samedis et ces dimanches d’automne, quand claquent les coups des fusils et que les beaux ocres et les chauds carmins deviennent teintes de deuil
Je vous embrasse cependant
et soudain je pense : houla, quel bouquet vais-je vous offrir demain ??
je trouverai, foi de raconteuse !!