Au-dessus de soi
Un roi, ayant entendu parler du mécontentement grandissant de ses sujets, décide de consulter trois personnes, prises au hasard dans la population. Le sort tombe sur un paysan qui roule nerveusement son chapeau dans ses doigts, un enfant pas du tout intimidé et un musicien que l'on a réveillé, qui a des poches sous les yeux.
- On dit un peu partout que tout va mal dans mon royaume. Qu'en pensez-vous, vous trois, sincèrement ?
On laisse parler d'abord le paysan, car il est vieux et usé par sa vie.
- Je te parlerai d'homme à homme, mon roi. Un peuple qui a faim est un peuple trahi. Vois notre blé, on le récolte comme on le sème. Il en est de même pour les actes et les paroles. Tu devrais mieux peser les tiens. Le peuple est comme la terre, on ne la domine pas, on la respecte. Je ne suis pas bien bavard et je ne dirais que cela, d'autant que je pense là avoir tout dit.
Le musicien a bien écouté le paysan. Il hoche la tête.
- Les gens de mon espèce sont là pour faire plaisir, pour faire danser et pour faire rire. Mais nous sommes aussi les fous du roi et nous mettons le doigt où ton règne va mal. Voilà pourquoi tu nous soutiens si mal. Mais rien ne nous fera taire. Nos cris sont autant de musiques. Tu devrais simplement chanter avec nous, avoir la faiblesse d'un artiste et réussir à te moquer même de toi-même !
L'enfant a sagement écouté. Il a compris chacun et il a son avis. Il a des yeux bleu pervenche et une bouche ronde...
- Un bon roi est comme un bon parent, il est amour et exigence. Mais toujours pour élever. Et élever signifie placer au-dessus de soi.
Voici la solution toute simple mon roi, placer tes sujets au-dessus de toi.
Les deux autres applaudissent. Puis le roi les raccompagne et s'en va s'asseoir, songeur, sur son trône.
Exercice de l'atelier d'écriture du Mercredi 11 Octobre : imaginez un dialogue entre un chef d'état, un paysan, un musicien et un enfant