Le Mardi des souvenirs 33

Publié le par Patricia Gaillard

Je devais avoir quatre ou cinq ans. Dans le petit immeuble de ma rue Voltaire, vivait aussi mon copain Lucien. Nous passions tout notre temps ensemble, dans la cour minuscule et dans la rue, juste devant, avec nos tricycles. Lucien avait un jouet merveilleux : un cheval à bascule en bois blanc, si grand que nos pieds ne touchaient pas le sol. Il avait aussi une maman, jeune et douce, qui nous préparait parfois de bons goûters. Un papa, en avait-il un, moi je ne l'avais jamais vu. 
Un jour Lucien n'a plus été là. J'ai entendu dire qu'ils avaient déménagé. Nous ne nous étions même pas dit au revoir. Les adultes en ce temps-là pensaient sûrement que les sentiments des enfants ne sont pas de vrais sentiments. Lucien m'a longtemps manqué, et nos jeudis de jeux, de joie, le beau cheval aussi. Les enfants vivent parfois des deuils, sans rien dire et sans comprendre. 

la gaillarde conteuse

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