MENSONGE ET VÉRITÉ 4ème et dernière partie

Publié le par Patricia Gaillard

MENSONGE ET VÉRITÉ
4ème et dernière partie
Conte traditionnel
Version de Patricia Gaillard
Parue dans la revue Auteurs Comtois n°7

gravure collection personnelle

...Ils s’envolèrent tous d’un coup dans un bruissement de plumes fripées, leurs rires résonnant dans l’obscurité, comme des lames coupantes.

Quand l’aube se leva, si rose, si calme, Vérité se pencha vers la source. Celle-ci lui offrit son eau, dans un flacon de cristal ciselé qui avait le don de ne jamais se vider. Vérité alors, dans sa large cape rosée, s’en retourna au monde.
Très vite elle entendit parler d’une princesse qu’un mal secret et mystérieux tenait depuis longtemps recroquevillée au fond d’un lit. Elle se fit conduire au chevet de la pauvrette, sortit de sous sa cape la fiole mystérieuse,  en versa quelques gouttes sur la jeune moribonde. Le mal aussitôt s’extirpa du corps comme une sombre vapeur.
Vérité en quelques jours devint célèbre, vénérée, couverte d’honneur et d’or, pour tout vous dire elle devint reine.

Un jour, le destin, qui non seulement a de l’humour, mais aussi une indéfectible mémoire, fit à nouveau se rencontrer Mensonge et Vérité. Quand Mensonge vit le regard vivant de Vérité et ses vêtements de reine, il s’effraya. Vérité lui raconta simplement la vérité : la force, la source, le chêne, les esprits de la nuit, le flacon de cristal. Mensonge ne perdit rien de ces précieux renseignements. Il se rendit plus tard dans le lieu décrit, puis attendit la nuit, perché sur le grand chêne. Il ne fut pas déçu : de grands oiseaux très noirs, avec de larges ailes, se posèrent par dizaines sur les branches feuillues des arbres d’alentour. Et comme chaque nuit, ils se racontèrent tous leurs tristes récits de noirs tourmenteurs.
Il parait que Mensonge manqua de discrétion, qu’on entendait bien trop sa respiration, qu’il avait une forte odeur de saucisson, qu’un bout de son manteau bleu nuit pendait le long du tronc. Bref, il fut remarqué, attrapé, tourmenté, tué, dépecé, dévoré de la belle manière, par toute cette horde hurlante de bêtes maléfiques.

Mensonge avait mis bien du temps, mais il s’était défait, de lui-même.

Vérité, qui était reine, le resta. Et l’on dit, vous l’avez sûrement entendu, qu’elle triomphe toujours…

Merci de m'avoir suivie jusque là, je reviens bientôt avec d’autres histoires. Que cette journée vous soit douce. Patricia 

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