AU GRENIER
Aujourd’hui le minuscule nous déclare une guerre. Les victimes tombent partout. Cloîtrés dans nos maisons, encerclés par la peur qui hante les rues désertes, nous réalisons que nos frères sont nos frères et que la vie est sacrée, contrairement à ces biens qui nous dévorent.
Aujourd’hui le minuscule nous déclare une guerre. Certains combattent et sur le front, se penchent sur ceux qui sont blessés, au risque d’être blessés eux-mêmes par cet ennemi silencieux qui pénètre sournoisement les corps.
Aujourd’hui le minuscule nous déclare une guerre. Avant c’était le pauvre qui était pauvre, à présent soudain nous le sommes tous. Comme les choses peuvent changer, on n’avait pas du tout cette impression. La mort guette chacun, elle n’est pas regardante, elle emporte qui tombe, elle fait son travail. Elle nous fait peur lorsqu’elle déambule dans les ruelles, de nuit, de jour, jetant son œil par les fenêtres, pour contempler les prochains visages ramassés.
Et soudain on se souvient… mais oui, fut un temps où on parlait des âmes, des dieux, ces vieilles choses démodées qu’on a jetées. C’est étrange, on aimerait les retrouver, ça n’était pas si mal, on pouvait s’adresser à eux, leur demander des trucs, on se sentait moins mal, moins perdus, moins seuls. C’est bête, où les avons-nous donc mis, dans quel grenier de poussière, sous les vieilles photos, les cuvettes en émail et les meubles en bois ?
Ce serait bien de les retrouver, on est dans la misère…
On s’est complètement trompés, on n’est pas les plus forts !
Bon sang...
À bientôt !
la gaillarde conteuse...