Le jardin du 28 Juin
Le jardin du 28 Juin
Le jardinier souffle un peu. Appuyé sur le manche de la binette, il essuie de son mouchoir la sueur de son front. Notre chat à trois couleurs vient se frotter à ses jambes puis s’en va se rouler, en ronronnant, sur la terre fraîchement travaillée. Le jardinier l’observe et grommelle tout en souriant. Il se dit qu’être chat est une très bonne affaire. Celui-ci profite du domaine, sans mettre le moins du monde la main à la pâte. Au mieux s’occupe-t-il des quelques loirs qui commettent l’imprudence de s’installer dans le grenier. Mais peut-on qualifier cette chasse de travail ? Le plaisir qu’il y prend est plus grand que l’effort. Le jardinier se met à lui parler : « Sur cette terre tu n’as pas la pire part, mon cher, ta pitance est assurée, ton repos tout autant, ta mémoire fragile ne retient pas tes peines, tu n’espères rien dont tu n’as pas besoin, la mort t’attend aussi, mais tu ne le sais pas. Décidément, je ne suis pas aussi sage que toi... »
Mais le chat, qui baille, reste parfaitement indifférent à cette haute philosophie jardinière et dominicale. Il lèche soigneusement, avec ce même geste mille fois répété, ses longs poils blancs, noirs et orange…
La gaillarde conteuse…