Le jardin du 15 Août
Le jardin du 15 Août
À la mi-août des choses changent. Les marguerites jaunes des bords de l’étang ont leurs boutons. Quand leurs fleurs s’ouvrent flotte une ambiance de septembre. Les potimarons prennent un ton orange carrément franc, les pêches de vigne changent d’aspect, les noisettes sont encore vert pâle, mais de plus en plus rebondies, on sent qu’elles se préparent. Les pommes roulent de plus en plus nombreuses dans l’herbe, qui a séché par endroits. Nous n’aimons pas le gaspillage et surveillons toutes les maturations. Produire fruits et légumes exige une observation quotidienne, car pas assez mûr ou trop mûr le végétal est triste. Et puis, ne pratiquant aucun traitement chimique, Il nous faut arriver au bon moment, tâter, soupeser, puis cueillir avec délicatesse, ne pas laisser traîner et très vite préparer d’une manière ou d’une autre. Les pommes sont les plus compliquées. Dans celles que nous ramassons, il y en a qui sont déjà mûres, d’autres vertes mais sans tâche, nous avons une grande table à claire-voie où nous les disposons. Chaque matin nous commençons la journée par la visite aux pommes. Nous ramassons les dernières tombées, les plus mûres sont mangées, transformées en compotes (quoi de plus chaleureux dans une demeure que le parfum des pommes qui cuisent ! ) ou rangées dans des cageots de bois pour être conservées dans notre grange. Mais ensuite, durant tout l’hiver, nous vérifions tous les cageots chaque semaine, pour ôter les pommes qui pourrissent, avant qu’elles ne contaminent leurs voisines. Nous arrivons ainsi à les consommer jusqu’au seuil de Mars. N’oublions pas qu’ « une pomme par jour éloigne le médecin pour toujours ! »
Dans la grange, la pile de cageots de pommes de terre est près de la pile de cageots de pommes, car la présence de celles-ci ralentit la germination des premières. Tout est ruse !
Jardiner c’est respecter ce que nous donne la nature et savoir que les fruits et les légumes sont des trésors de bienfaits qui nous sont offerts. Le travail du jardin est parfois pesant, disons vrai, mais travailler avec la nature est à la fois fatigant et équilibrant, car c’est si fondamentalement humain.
la gaillarde conteuse