Le jardin du 22 Septembre
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Le jardin du 22 Septembre
Les lumières et les couleurs du paysage changent sans cesse et parfois un nuage violet, rougi par le couchant, perd son éclat en quelques secondes et n’a plus rien de son éphémère splendeur. Rien n’est plus provisoire, plus fragile que les lumières des paysages.
Le peintre, frappé par celles-ci, garde en mémoire sûrement ce qu’il a vu, lui qui a le don des couleurs, puis il les restitue sur sa toile, ainsi arrive-t-il à les faire durer, à les retenir. Mais il lui faut en retrouver l’ambiance exacte, par le maniement très précis des couleurs et des formes.
Les paysans d’autrefois s’arrêtaient bien plus que nous aux lumières et aux couleurs, car celles-ci leur indiquaient les chaleurs, les pluies, les vents, les rosées, les orages, les givres à venir. Les hommes de la terre n’avaient que ces indications-là pour savoir, prévoir, protéger, et les subtilités du temps ne leur étaient pas étrangères.
Nous consultons les « météos » qui nous disent tout, aussi avons-nous laissé se perdre ces belles facultés.
Ce soir il tonne sur le petit domaine, sans pluie, sans vent, ça gronde de ci, de là, sans grossir, sans oser. Pas un oiseau ne chante, pas un insecte ne batifole, tout se suspend, tout semble attendre quelque chose qui ne vient pas.
Et soudain pourtant, brusquement même, un gros coup de tonnerre éclate, une pluie inattendue et lourde ruisselle sur les toits et sur les grandes feuilles des noyers. L’étang est piqueté de mille gouttelettes, une vapeur imperceptible monte du sol, chargée de ce très singulier parfum de terre arrosée. Maintenant la pluie redouble, inonde la toile sur la table du jardin et brouille les carreaux de la fenêtre.
Il pleut, quelle merveille !
Que cette eau céleste bénisse votre soirée...
la gaillarde conteuse