On écrivait

Publié le par Patricia Gaillard

Image Pixabay

On écrivait…

 

Jadis on écrivait. On écrivait à un parent lointain, à un ami cher, à l’être aimé. On écrivait, car on était en Amérique, ou à Paris, ou à Casablanca. On écrivait car il n’y avait pas de téléphone et encore moins d’ordinateur. On écrivait car on avait des choses à dire, des mots d’amour, ou d’amitié. Les mots vont parfois plus loin, écrits, que dits. On écrivait pour exprimer sa pensée, avec des mots choisis, pesés. On écrivait pour raconter la vie, les histoires, les voyages, les rencontres. On écrivait pour parler de la guerre, des morts, du chagrin, de la peur. On écrivait pour rassurer, pour consoler, pour regretter. On écrivait pour envoyer un article de journal. On écrivait par plaisir, celui de choisir l’enveloppe, le papier, le stylo, l’encre et puis le timbre.


Quel beau courrier parfois on trouvait dans la boîte !

 

Et puis les boîtes, elles aussi, pas toutes pareilles, mais petites, carrées, rondes, en bois, en fer, en fonte, trapues, sur pied, colorées, longues, décorées, rigolotes ou sérieuses. Elles avaient le style de la maison, ou le style des propriétaires.

 

Parfois l’encre était violette, ou bien c’était le papier qui sentait la violette, la rose ou le muguet.

Tout était bon pour surprendre, pour charmer, pour faire plaisir.

 

Les cartes elles, évoquaient les fêtes. À Pâques les fleurs, les œufs, les lapins. À Noël les paysages givrés, le houx et le gui enrubannés de rouge, des bougies lumineuses dans des lanternes de fer noir, sur la neige.

 

Le courrier était un objet sentimental. On trouve encore dans les affaires de nos anciens, des enveloppes, des lettres, des cartes soigneusement conservées, où l’on peut encore voir cette écriture appliquée, patiemment apprise sur les bancs des écoles, avec le porte-plume et l’ingrate plume Sergent-Major qui grattait, crissait, tachait, si longue à apprivoiser par les doigts des enfants.

Cette écriture qui, une fois domptée, demeurait appliquée et gracieuse le reste de l’existence, avec de si belles majuscules ! 

 

La gaillarde conteuse

 

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