Le joueur de flûte de Hamelin - Partie 4 FIN
Le joueur de flûte de Hamelin - Partie 4 - LA FIN
Légende allemande rapportée par les frères Grimm
Version de Patricia Gaillard
Le lendemain matin, quelqu'un frappa trois coups secs à la porte du bourgmestre. C'était le charmeur-musicien-conteur-magicien, qui venait chercher son salaire, bien mérité.
Le bourgmestre était un peu emprunté :
- Il me faut prendre le conseil de la population, vous savez bien qu’un bourgmestre ne peut rien faire sans le conseil de la population. Revenez demain.
Le soir même tout le village était réuni. Ils étaient tous concernés.
- Quand même, a dit l'un d'eux, 300 florins d'or, c'est une grande somme, c'est le prix d'une belle fête, car, après tout, la chose a été très vite faite.
- très vite faite, dit un autre, trois petites notes soufflées au hasard dans un flûtiau de bois, on ne peut pas appeler ça un travail ! un travail d’artiste peut-être, mais on sait que ce travail-là n’est pas un travail… Je trouve ce garçon trop gourmand.
Tout le monde était d'accord... Ils décidèrent de donner trois florins d'or à ce saltimbanque de grand chemin... ça ne valait pas plus et c'était déjà beau... disaient-ils...
Le lendemain matin, quelqu'un frappa trois coups secs à la porte du bourgmestre. C'était le charmeur-musicien-conteur-magicien. Le bourgmestre lui tendit sa main où brillaient les trois florins.
- votre travail a été bien fait, un travail d’artiste, mais somme toute très vite fait, et 300 florins, c'est une grande somme, nous avons tous bien réfléchi, c'est tout à fait exagéré. Voici ce que nous pouvons vous donner.
Le jeune homme prit les trois florins dans sa main, les regarda un bon moment, puis les posa sur la table et quitta aussitôt la maison.
Le bourgmestre était bien soulagé, le charmeur n'était même pas fâché ! Il y a sur terre de bonnes natures.
Le soir suivant, à l'heure où le soleil nous quitte, à l'heure où la nuit tombe, à l’heure où tout devient gris, les enfants jouaient à nouveau partout, sur les places, autour des églises dans les bois, près de la rivière... Personne ne s’inquiétait, il n'y avait plus de rats, plus de rats, plus de rats.
Le jeune homme entra dans la ville, s'arrêta sur la place, attrapa la flûte qui pendait au ruban de sa ceinture et se mit à jouer. Les enfants, ravis, leurs yeux arrondis, leurs bouches entr’ouvertes, écoutaient, émerveillés. L'un d'entre eux, doucement, sur la pointe de ses pieds roses, s'approcha du charmeur et se plaça derrière lui. Puis un deuxième, puis 10, 20, 100, 200 ! Le charmeur marchait sans cesser de jouer, entraînant derrière lui la longue file des enfants : des grands, des petits, des fins, des ronds ! Ils oublièrent tout : leurs jeux, leurs parents, rien ne pouvait être plus fantastique que cette musique suave qui tournait dans leurs oreilles comme un chant de paradis !
Le charmeur marchait sans cesser de jouer, entraînant derrière lui la longue foule des enfants qui n'entendirent jamais les appels des parents. Ils marchèrent tous jusqu'à la montagne, qui avait une grande porte ouverte, comme un vrai beau château. Ils entrèrent dans ce château, tous tous tous. On entendit longtemps encore le son de la flûte et cette très belle mélodie, si envoûtante.
Et puis plus rien.
Où sont-ils donc partis ?
À Hamelin, on ne fait plus de fête, on ne danse plus, on ne porte plus de vêtements de couleur. Sans enfant, une ville n'est plus rien.
Où sont-ils donc, ces chérubins qui ont suivi deux-trois petites notes soufflées au hasard dans un flutiau de bois ?
Où sont-ils ?
je vous laisse méditer la chose... et je vous le dis, vous en avez pour un moment !
la gaillarde conteuse