Le temps des contes... le petit tailleur 1
Voici Juillet, son parfum de vacances, de farniente, de chaleur, de moissons. Les jours sont encore longs, Ils invitent à prendre du temps, à flâner, à rêver. Je viens donc avec des contes, le moment me semble choisi pour les découvrir ou de les redécouvrir.
Sur ma "Terre à histoires" les contes poussent drus !
Ce matin, voyant les quelques mouches qui voletaient dans la cuisine, m'est revenue la fameuse histoire du petit tailleur... dont voici le premier morceau...
Sept d'un coup, ou le hardi petit tailleur
Collecté par les frères Grimm
version de Patricia Gaillard
pour le Jardin des Contes de Pougne-Hérisson)
Partie 1
Dans un petit village aux ruelles étroites se trouvait la boutique d’un tailleur. C’était un bonhomme jeune et maigre qui travaillait tout le jour devant sa table, près d’une minuscule fenêtre toute faite de losanges de verre de couleur… Ce jour-là le soleil, qui passait au travers, faisait danser des taches de lumière chaude sur ses genoux. Il sifflait, le tailleur, tout en poussant du doigt une aiguille qui glissait sous le tissu, sur le tissu, dessus, dessous, dessus, dessous, en milliers de points réguliers.
Au dehors, sur le pavé, une vieille criait les qualités de sa marchandise : « crème, toute fraîche, j’ai bonne crème à vendre ! »
Maigre mais gourmand, le tailleur ouvrit la fenêtre, glissa à la crémière une pièce de monnaie et tendit un bol épais où la vieille jeta une pleine louchée de crème. Il poussa un peu la fenêtre qui resta entr’ouverte, coupa dans la huche une large tranche de pain et coucha dessus la belle crème blanche. Mais pour mériter ce festin il décida de terminer d’abord son ouvrage qui était presque fini et de plonger ensuite dans la délectation.
La fenêtre entr’ouverte invita quelques mouches à venir renifler ce repas de tailleur.
Elles étaient dix ou vingt, cinquante peut-être, en tout cas toute une bande bourdonnante.
Elles se posèrent goulûment sur la tartine. Elles se régalaient bien, quand le tailleur d’un coup de tissu leur flanqua une claque. Il souleva son arme. Dessous sept bestioles collées, les quatre fers en l’air, les ailes ratatinées, avaient cessé de vivre…
« Sept d’un coup, j’en ai tué sept d’un coup ! Il faut que toute la ville le sache.
La ville ? Le monde ! Il faut que le monde entier le sache ! »
Soudain sa boutique lui parut étriquée avec sa p’tite fenêtre, sa p’tite aiguille, sa p’tite tartine…
Bien trop petite pour contenir toute l’immensité de sa bravoure !
Il se fit une ceinture rouge de tissu satiné où l’on pouvait lire en grosses lettres brodées : SEPT D'UN COUP !
Il mit dans sa poche gauche un morceau de fromage et dans sa poche droite un oiseau de cage qui était son petit compagnon… Il bomba le torse au-dessus de la belle ceinture et partit fièrement courir le monde sans même se retourner.
à demain !
la gaillarde conteuse