Le Chevalier Dormant - Partie 7 - FIN
Partie 7 - FIN
Notre guerrier était debout, magnifique, ébloui et tout couronné d’or. Les nixes s’extirpèrent en ballet gracieux du cristal des eaux et portèrent ce vainqueur redoutable tout enrobé encore de sa cuirasse de sang vermeil séché. Elles le déposèrent ici, sur la terre d’Alsace, la terre de ses trois mères. Il avait perdu derrière lui les nornes, les fées, le puits d’eau soupirant et l’arbre Yggdrasil.
Un jour il croisa le regard de la trop belle Sidrata. Son cœur tout neuf fit dans sa poitrine de vrais bonds de vrai cœur et vous savez bien coment se terminent ces histoires : amour, anneaux, mariage, je ne cite là que les choses racontables, le reste n’étant pas dans mes attributions… ;-)
Mais il demeure un mystère, le plus grand de l’histoire. Sidrata, un beau soir, dans ces instants si doux où rien ne se refuse, demanda doucement à son chevalier d’où lui venait cette solidité qu’elle lui voyait partout : au tournois, à la chasse, dans les plus durs combats et même au cours des guerres. Attendri par l’échange des soupirs, Wolfdietrich dévoila tout sans aucune méfiance, le dragon, le sang, mais aussi la feuille de tilleul et l’épaule vulnérable…
On ne sait pas pourquoi Sidrata marqua d’une croix le point si précis où son époux était périssable. Était-ce pour le protéger ? Était-ce pour le trahir ? Nul ne le saura jamais, mais c’est ainsi qu’elle fit. Elle invita dans cette confidence le meilleur écuyer du château, Hagen le Borgne. Celui-ci, un funeste jour de chasse, tua son maître d’un coup de lance dans l’épaule.
Peut-on vraiment croire à une maladresse ?
Pour autant n’allez pas imaginer que Wolfdietrich est mort. Il dort seulement, sous une grande pierre plate, dans la forêt d’Ax, à Guebwiller.
C’est le Guerrier Dormant. Il se réveille tous les cent ans, fait le tour de la pierre pour dégager, m’a-t-on dit, sa barbe interminable, puis son regard se perd un long moment vers chaque point cardinal et, pour finir, il s’étend à nouveau au cœur de la pierre froide, pour un siècle de plus.
Il attend
Il ne faut jamais cesser d’attendre
Il attend le crépuscule des dieux
C’est écrit dans le tissage des nornes
Près du puits des destins
Sous l’arbre Yggdrasil
Je vous remercie pour votre attention et votre présence tout au long de cette histoire
À DEMAIN pour un nouveau conte…
La gaillarde conteuse
*ce conte est extrait de mon ouvrage Contes et Légendes d'Alsace - éditions De Borée