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Le jardin du 1er Octobre

Publié le par Patricia Gaillard


Le jardin du 1er Octobre

 

Près de moi une tisane dorée fume dans une tasse de porcelaine fleurie. Dehors la pluie fait son travail et tombe, tranquille et douce. Et je songe aux fées tisanières, dont parle Pierre Dubois, dans sa grande encyclopédie des fées. Il paraît qu’elles vivent sur toute la terre, dans les vergers, les sous-bois, les jardins, dans des cabanes complètement cachées par des guirlandes de lierre, de chèvrefeuille, de brione et de vigne vierge, entrelacées. Elles s’affairent à leurs macérations, séchages, infusions, distillations. Au-dessus d’elles pendent aux poutres noires des multitudes de bouquets qui sèchent patiemment, dans tous les tons de vert, de rose et de mauve. Elles ont de larges robes violettes, terminées dans le haut par un col blanc décoré d’une broche de myosotis, et dans le bas par des dentelles de lichens, elles portent des tabliers recouverts de fleurs et des châles de laine aux couleurs de mousses. Sur les poêles en fonte épaisse recouverte d’émail vert ou bleu, ronflotent des bouilloires tremblotantes et des casseroles de cuivre dans le ventre desquelles réduisent, des jours durant, des décoctions mystérieuses. D’élégantes toiles d’araignées s’étirent sur les étagères, d’un flacon de potion à l’autre, aux étiquettes marquées de recettes secrètes. Ce sont ces fées tisanières qui ont légué à nos ancêtres ce savoir des simples qui en ont sauvé plus d’un au temps où on savait encore leurs vertus. J’imagine fort bien Hildegarde et Maria prenant le thé avec l’une d’elles et recevant, sérieuses et attentives, tout ce très précieux enseignement. Et les voilà qui partagent toutes les trois, en riant comme des folles, la tisane des tisanes, celle qui donne l’immortalité, bien entendu.

Heureusement il existe des conteuses pour les voir et raconter un peu leur présence parmi nous. Sincèrement, vous imaginez-vous encore sans cette ouverture de l’esprit ?

 

Voilà quelles sont mes songeries, quand je paresse un peu sur mon fauteuil, en attendant que tiédisse la tisane dorée qui fume dans la tasse de porcelaine fleurie et que je laisse toute liberté à mon imagination de m’emmener où elle le désire.

Voilà qui est fait

Je la bois à vous, à votre joie, à la vie

 

la gaillarde conteuse

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