Le printemps se réveille.
C'est le moment et rien ne peux le retenir.
Pour l'instant il est timide, quelques bourgeons, des fleurs de cognassier du Japon, des jonquilles déjà, dans les bois de la petite montagne, m'a-t-on dit, et ces crocus comme les lampions en mauve translucide pour la fête du renouveau. Il est aisé de sentir que tout se réveille. Le printemps a dormi neuf mois, l'instant de la naissance est là et il ne tient plus, le ventre de la nature est devenu trop étroit et trop obscur. De l'air, de la lumière !
C'est le moment et rien ne peut le retenir.
La petite pluie de cet après-midi fait un doux arrosage
Elle couvre de gouttelettes brillantes tout le paysage
Je voudrais vous proposer aujourd'hui une promenade à faire dans votre monde intérieur et qui apporte beaucoup de bienfaits. Voyez les sept poupées gigognes de l'illustration. Nous sommes à leur image car il y a en nous tous les êtres que nous avons été, cachés dans l'être que nous sommes aujourd'hui. Nous pourrions les croire terminés, disparus, évaporés dans les plis des jours mais il n'en est rien. Ils sont juste sous l'édredon du temps, ils ont fini par s'endormir à force d'être oubliés.
Allez dans une clairière de votre forêt intérieure, une nuit de lune bleue et d'étoiles vives, ramassez quelques morceaux de bois secs, allumez un bon feu et ouvrez-vous. Vous les verrez alors sortir et s'installer avec plaisir en cercle autour du feu. Ils sont tous là. Il y en a qui sont habillés de souvenirs douloureux et vous regrettez peut-être leur présence car c'est difficile pour vous. C'est pourtant eux qu'il faut particulièrement recevoir car qui, sinon vous-même, saurait les rassurer, les consoler, les aimer.
Leur présence à tous est une plénitude. Savoir être l'être que nous sommes ainsi que tous ceux que nous avons été est une grande richesse.
Et puis rendez-leur hommage. Ils ont traversé chacun un morceau de votre vie, c'est grâce à eux que vous êtes ainsi et que vous êtes ici aujourd'hui. Vous leur devez la vie. Si leur temps a été un temps difficile remerciez-les, honorez-les, ils scintilleront de joie d'être enfin reconnus et vous sentirez peu à peu s'alléger votre esprit.
Et si vous arrivez à les garder proches, présents, vous verrez que votre existence en sera enrichie, ils ont leur force à vous offrir.
Le petit nichoir à mésanges fabriqué par mon cher jardinier, a trouvé sa place non loin de la maisonnette à graines qui est garnie chaque matin. Et vous remarquerez que ce nichoir arbore la couleur rouge basque qui est maintenant de mise ici, même la boîte aux lettres au bout de l'allée n'y a pas échappé !
Sept noix (chiffre très pratiqué chez nous) sont aussi posées le matin en offrande à l'écureuil et elles disparaissent chaque jour, bien entendu, car notre bel ami roux les transporte dans le grenier où il loge, juste au-dessus de notre chambre. Dès l'aube je l'entends rouler allègrement ses réserves, je l'entendais déjà il y a quelques mois, ce logis lui plaît.
Des noix en Février, quelle sacrée aubaine !
C'est le monde à l'envers
Il y a décidément des miracles au Petit Domaine...
Le gel avait tracé d'impressionnantes arabesques sur le pare-brise de la voiture cette nuit. Plus tard, le soleil l'illuminait, c'était un spectacle véritablement enchanteur. Une invitation à la contemplation. Il me semble que toutes ces paillettes et ces strass à la mode ne cherchent qu'à imiter la splendeur du gel. Le gel lui seul ferait une parure royale !