Overblog Tous les blogs Top blogs Littérature, BD & Poésie
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
MENU

CONTEUSE-ÉCOUTEUSE

Publié le par Patricia Gaillard

Quelqu'un m'a appelée, pour raconter à des personnes âgées. Ce jour-là, comme par une soudaine intuition, je me suis dit "et si au lieu de raconter, j'écoutais ?"
Et c'est aussi simplement que cela que cette aventure a commencé.
Je ne savais pas alors que les anciens avaient tant de choses à dire, qu'ils rajeunissaient quand ils évoquaient le temps jadis, qu'ils pouvaient avoir les yeux tellement rieurs et pétillants à l'évocation des farces de leur jeune temps.
Je ne savais pas alors à quel point tout ce que l'on a vécu est là, que tous les souvenirs sont pliés et rangés dans l'armoire de la mémoire et qu'un mot, un objet, une odeur en réveille un, puis deux, puis cent.
Quels bons moments nous passons ensemble à causer de ce qui a été. Leur parole est si vivante et si précise que parfois, quand je repense à leurs récits, il me semble que ce sont des images qu'on m'a montrées.
Ils racontent le beau et le laid presque avec le même ton, avec juste une pointe de joie ou de tristesse et ils disent souvent cette petite phrase qui n'a l'air de rien, mais qui est sûrement une sagesse simple : "C'est la vie..."
Lorsqu'on se quitte, ils semblent se réveiller de quelque chose. Eh oui, il faut bien revenir ici et maintenant.
N'empêche, ce petit voyage en arrière, ça requinque !

La jeune femme et le jeune homme qu'ils ont été ne sont pas restés dans le temps, ils sont toujours là, toujours jeunes, cachés derrière ces visages vieillis.
La vieillesse n'est sûrement qu'une apparence...

Patricia la conteuse-écouteuse

 

 

Partager cet article
Repost0

AOÛT EN POÉSIE

Publié le par Patricia Gaillard

L’été est une femme verte qui fatigue vers la fin d’août, sa chaleur lâche prise, se fait douce, devient courte, la nuit en profite pour rallonger un peu  sa course que l’aube termine par une rosée douce.

Plus de mouches agaçantes pour se poser sur tout, les guêpes gavées de fruits trop mûrs dorment au hasard, où elles se posent. On sent peu à peu l’énergie qui s’épuise, tout est plein, rond, mûr, tout est généreux, un autre temps va pouvoir venir. Mais plus tard, plus tard seulement, car la femme verte refuse l’échéance, elle freine des deux pieds, elle a encore à faire, elle n’a pas dit ses derniers mots, elle a encore des jours à tisser avant d’abandonner la place devant l’automne orange et rouge qui achèvera le travail. Quand les noix rouleront sur les chemins, quand les brumes auréoleront les matins, quand on verra, posés dans les jardins, en tas, les rondeurs flamboyantes des potirons, quand les figues se feront violettes et lourdes de leur miel grenat, quand les noisettes tomberont dans l’herbe, s’entrechoquant comme des grelots, quand les pommes rouges et jaunes parfumeront les granges, alors cette dame verte se retirera, dignement.

Elle ira dans ce monde où dorment les saisons, où elles reprennent vigueur, où elles préparent sans cesse leur éternel recommencement, pour le grand bien du monde.

Patricia Gaillard

Août 2018

 

 

Partager cet article
Repost0

ABSENCE...

Publié le par Patricia Gaillard

Revoici la conteuse après une longue absence. Fertile, tout de même, son absence. Fertile en choses inédites jamais faites encore. On dit qu'il faut sortir de sa zone de confort. Voilà qui est fait. Elle est heureuse de revenir de cet exil, qui la rapproche - un peu - des exilés.
Faire quelque chose qui ne nous ressemble pas, c'est sortir de soi. On apprend beaucoup de soi quand on en sort. C'est douloureux mais cependant intéressant.
La conteuse a découvert par exemple que depuis longtemps déjà elle fréquente plusieurs dimensions et non pas seulement celle qui se voit. Se trouver emprisonnée dans la dimension qui se voit, par une trop grande charge de tâches matérielles, l'a coupée de l'universel et son âme s'est resserrée.
Mais la voici revenue dans la clairière où dansent les esprits invisibles. Sous leurs plumes, poils, écorces, cornes, auréoles, mousses, lumières, énergies, joies, folies, ils l'attendent.
Que serait la vie sans eux ? 
Un buisson de questions...

 

Partager cet article
Repost0

UNE COMMODE DE CONTE

Publié le par Patricia Gaillard

Vous vous souvenez, au début de l'été dernier, je venais ici de temps en temps vous présenter des objets que j'avais croisés et qui me rappelaient certains contes.

 

Regardez bien cette commode rouge, croisée aujourd'hui chez un brocanteur. Je la verrais bien dans le palais du Roi Vistlav, père de Vassili, Dimitri et Yvan, ses fils, chargés l'un après l'autre de guetter le voleur qui subtilise chaque nuit une pomme d'or à l'arbre de leur père.
Bien sûr c'est Yvan qui réussira, car c'est le plus jeune, le plus faible, celui que ses frères traitent comme un idiot. Le conte aime mettre en avant celui qui, précisément, n'y est  jamais. Et il n'est pas le seul à procéder ainsi, souvenez-vous de cette parole d'évangile "les derniers seront les premiers..."

Prince Yvan a surpris le voleur, c'est l'oiseau de feu. Il le tient, mais la bête s'envole, ne laissant qu'une de ses plumes dans les mains d'Yvan. Le Roi prend la plume, la pose sur cette commode, justement (c'est en tout cas mon avis, et je suis conteuse, ces choses-là ne m'échappent pas ;-)

Et le Roi Vistlav se met à rêver, obsessionnellement, à cet oiseau de feu et il promet son royaume à celui de ses fils qui le lui amènera.

C'est Yvan qui le rapportera, vous le savez, après de splendides et terribles aventures, qui méritent d'être lues.

J'aime les contes russes. Ils ont une force à la fois grave et magnifique, tout comme ce peuple singulier.
Ces histoires parlent d'hiver, de neige, de gel, de vraie froidure blanche, ce que nous avons de moins en moins chez nous. Je suis une femme du nord, les rigueurs de l'hiver me manquent, aucun paysage ne m'émeut autant que le givre du petit matin, quand il enrobe parfaitement chaque feuille, chaque brin d'herbe et que l'aube naissante révèle sa gracieuse luminescence. Merveilleux instant.

Pour moi le diamant lui-même n'arrive pas à la cheville du gel... 
Je ne suis pas une croqueuse de diamants, mais une brodeuse de gel !
C'est mon époux qui est content...

Passez une belle journée !

 

 

Partager cet article
Repost0