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Le Mardi des souvenirs 10

Publié le par Patricia Gaillard

Image MonicaVolpin - Pixabay

Maroc, la place Djemaa El-fna, un soir dans ma mémoire...

Le soir ils s'endorment où ils sont. Leurs yeux entrouverts brillent du rouge chaud et vibrant du soleil qui s'en va. Ça sent l'huile, l'orange, le crottin de mulet et le thé à la menthe.
Ils sont bercés par les derniers couinements d'un singe en veston juché sur le ventre gras de son maître qui ronfle.

Bercés par la respiration lente et douce de la petite, toute petite, qui s'endort, le bout du sein de sa mère dans sa bouche entrouverte. Son frère près d'elle, ses yeux noirs grands ouverts, suçote comme on tête, le sucre d'une datte brillante.
Bercés par le murmure de deux ou trois hommes qui font un jeu avec des fèves et qui, gagnant, perdant, ont le même sourire trop grand, trop blanc, comme un palais de porcelaine dans un fouillis de ruelles obscures.
Bercés par le chant priant et rauque du marchand de fruits qui déroule sa natte devant ses cageots usés. Il est sûr de ne dormir que d'un œil, pourtant l'autre n'a jamais vu et ne verra jamais la main discrète du voleur aux yeux brillants qui prend un fruit chaud, lourd, juteux, pour épouser sa faim.

Et dans ce bonheur sucré, Dieu qui passe par là, cueille une goutte mordorée qu'il glisse sous la paupière fermée du marchand, qui maintenant navigue dans un rêve de bienheureux.

La gaillarde conteuse 

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Votre bouquet du Dimanche 26 Mai

Publié le par Patricia Gaillard

Pour la fête des mères je vous offre cet iris lumineux du bord de l'étang. 
Mais je pense à celles et ceux qui n'ont plus de mère, ou pas de mère, ou une mère indigne. Je voudrais leur dire que la maternité est une grande force universelle, elle n'est pas seulement dans les mères, elle est surtout dans la vie, qui nous a désirés, qui a voulu nous voir ici et qui nous protège puisque nous sommes là. 
La vie est notre vraie mère, la mère de notre origine et je voudrais l'honorer aujourd'hui.
Voilà pourquoi ce bel iris sauvage plutôt qu'un bouquet de fleuriste ! 

la gaillarde conteuse 

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Contes et légendes du Jura 1 - Introduction

Publié le par Patricia Gaillard

Si ici les Mardis sont des évocations de souvenirs, les Jeudis vont être la lecture, histoire par histoire, des Contes et Légendes du Jura, que j'ai édité chez De Borée en 2008, ouvrage qui n'existe plus sur le marché. Vous découvrirez ainsi, si vous le désirez, l'imaginaire de cette terre de Franche-Comté. 
Vous connaissez mes conseils, un fauteuil, un thé parfumé et puis se laisser simplement suivre les Contes... 

la gaillarde conteuse 

Voici déjà l'introduction à ces contes et légendes

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Le Mardi des souvenirs 9

Publié le par Patricia Gaillard


Autrefois il y avait un prunier au bord du jardin de notre voisin Jipy, un instituteur Lyonnais qui venait ici pour ses vacances. Au mois d'Août les prunes violettes à chair verte tombaient par dizaines, elles étaient délicieuses. Ma belle-mère, petite, menue, encouragée par le voisin, trottinait chaque matin vers le prunier, saladier en main, pour disputer les fruits aux guêpes. Chaque année elle ne manquait pas de rappeler que sa mère, Berthe, les appelait jadis prunes-miel. Puis, toujours en trottinant, elle partait faire des confitures dans sa cuisine. Pour elle, pour nous et pour Jipy. 
Jipy n'est plus de ce monde, ma petite belle-mère non plus, la maison du voisin a été vendue et le prunier abattu. Les belles images disparaissent, on ne peut les retenir. 
Souvent, quand je vais au potager, mes yeux se tournent vers l'endroit où se trouvait le prunier-miel. Je revois trottiner ma petite belle-mère Marcelle avec son saladier. Bien sûr il faut tourner les pages, mais les images parfois remontent à la surface, instants de nostalgie, de mélancolie, qui sont aussi la vie. 
Mais ô surprise ! L'année dernière, au beau milieu de notre lilas, nous avons découvert un petit prunier-miel, que nous n'avons jamais planté et qui portait déjà quelques fruits. Loin de l'endroit où se trouvait l'autre, abattu il y a au moins sept ou huit ans, ce petit arbre, qui pousse à vue d'œil, a une allure de miracle.
Je me plais à penser que Marcelle y est pour quelque chose, qu'elle nous fait un clin d'œil depuis ce monde dont on ne sait que très peu de chose, ce qui nous laisse parfaitement libres de tout supposer ! 

En tout cas le petit prunier à présent s'appelle Le Prunier Miel de Marcelle ! 

la gaillarde conteuse 

Dimanche je vous ai offert un bouquet, mais j'ai oublié d'envoyer l'annonce aux abonnés. Vous pouvez donc le voir ici https://admin.over-blog.com/1022712/write/188914612

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