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Le jardin du 3 Octobre

Publié le par Patricia Gaillard


 

Le jardin du 3 Octobre

 

Un vent fort secoue les arbres, les branches se balancent comme des voiles et les feuilles se plient en tous sens. Les nuages défilent dans le ciel où le soleil apparaît et disparaît sans cesse. On dirait que la nature a pris une grosse cuillère de bois et qu’elle brasse sans s’arrêter le contenu d’une casserole d’air, de verdure et de soleil. Et nous voici plongés dans une soupe méli-mélo d’octobre...

 

En lisant le texte qui va suivre, vous allez me dire  

« Voilà des mots qui n’existent pas. »

Ce à quoi je vous répondrai

« Ce sont des mots qui n’existent plus, qui ont disparu de notre langue car nous les avons peu à peu abandonnés derrière nous. »

Je vous laisse aujourd’hui avec un jeu qui consiste à tâcher d’en deviner le sens, et je viendrai demain vous dire ce qu’il en est.

 

Je ne vais pas vous conter cela bredi-breda, il vous faudra patienter. Voilà donc le jeu commencé ! Malgré le vent, nous voici dehors. Nous passons d’abord devant le convolvulus, qui commence à se tâcher de brun, puis nous longeons l’amentacée, dont certains éléments sont déjà aphylles, puis le bosquet de Bon-Henri, tout à fait indifférent aux actuelles intempéries. À l’avant-courrière du jour, j’avais aperçu un ragondin près de l’étang. Nul besoin d’y poser un attrapoir, la bête s’acagnarde et probablement aussi la considérons-nous avec accortise et le brigandeau en profite bien ! Ne fait-il pas, à présent, partie des aîtres de ce lieu ?

Nous sommes à présent sortis du temps où, adustes, nous revenions buvotter à la cruchée, puis repartions sans nous déconforter, faire un arrosement ou d’autres travaux. À présent il brouillasse certains matins et nous craignons qu’octobre n’aille vite brouir nos plants de fleurs et que la chancissure ne gagne tous les fruits. 

Rentrons vite au bercail, car au jardin nous devenons cogne-fétu, le vent défaisant de sa hargne tout ce qui fut si soigneusement compassé. Mais tenons bon car n’est-ce pas pour cela que l’on se conjoint ? Dans un mois nous irons argoter, récupérer deux ou trois crossettes et vérifier les brouts. Mais pour l’instant, nous allons partager tous les deux un vin doux pas acéteux du tout et quelques biscotins. Nous n’irons tout de même pas jusqu’au brandevin, ce serait une cacade !

Et ce soir, quand la nuit aura recouvert tout de son manteau, dans le chaud doux de la demeure, nous disposerons belles et bonnes charcuteries sur un chanteau, le tout accompagné des noix neuves que le vent - pour le coup bien utile - a décroché par dizaines...

 

Pour l’heure amusez-vous

Demain vous saurez tout 

 

la gaillarde conteuse

 

 

 

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Le jardin du 2 Octobre

Publié le par Patricia Gaillard


 

Le jardin du 2 Octobre

 

« Il a plu toute la journée. Je me penche sur l’eau et tends la main pour saisir un diamant de la grande ourse, une pâle émeraude de Mars. Mon coeur bat. J’ai de nouveau vingt ans et le droit, le devoir de faire la vie. Une flaque de pluie, et voilà que se remet en marche au fond de moi la vieille machine du rêve. Pinçant un scintillement entre mes doigts, je pense : « Quelle étrange place nous tenons dans l’univers, où nous sommes à la fois indispensables et de trop... »

Espèces en voie de disparition - Robert Lalonde

 

« Voici une petite pluie : vous êtes dans la rue, vous ouvrez votre parapluie, c’est assez. À quoi bon vous dire « Encore cette sale pluie ! » Cela ne leur fait rien aux gouttes d’eau, ni aux nuages, ni au vent. Pourquoi ne dites-vous pas aussi bien : « Oh la bonne petite pluie ! » Je vous entends, cela ne fera rien aux gouttes d’eau, c’est vrai, mais cela sera bon pour vous. Tout votre corps se secouera et véritablement d’échauffera, car tel est l’effet du plus petit mouvement de joie. Et vous voilà comme il faut être pour recevoir la pluie sans prendre un rhume. »

Alain - 4 novembre 1907

 

la gaillarde conteuse

 

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Le jardin du 1er Octobre

Publié le par Patricia Gaillard


Le jardin du 1er Octobre

 

Près de moi une tisane dorée fume dans une tasse de porcelaine fleurie. Dehors la pluie fait son travail et tombe, tranquille et douce. Et je songe aux fées tisanières, dont parle Pierre Dubois, dans sa grande encyclopédie des fées. Il paraît qu’elles vivent sur toute la terre, dans les vergers, les sous-bois, les jardins, dans des cabanes complètement cachées par des guirlandes de lierre, de chèvrefeuille, de brione et de vigne vierge, entrelacées. Elles s’affairent à leurs macérations, séchages, infusions, distillations. Au-dessus d’elles pendent aux poutres noires des multitudes de bouquets qui sèchent patiemment, dans tous les tons de vert, de rose et de mauve. Elles ont de larges robes violettes, terminées dans le haut par un col blanc décoré d’une broche de myosotis, et dans le bas par des dentelles de lichens, elles portent des tabliers recouverts de fleurs et des châles de laine aux couleurs de mousses. Sur les poêles en fonte épaisse recouverte d’émail vert ou bleu, ronflotent des bouilloires tremblotantes et des casseroles de cuivre dans le ventre desquelles réduisent, des jours durant, des décoctions mystérieuses. D’élégantes toiles d’araignées s’étirent sur les étagères, d’un flacon de potion à l’autre, aux étiquettes marquées de recettes secrètes. Ce sont ces fées tisanières qui ont légué à nos ancêtres ce savoir des simples qui en ont sauvé plus d’un au temps où on savait encore leurs vertus. J’imagine fort bien Hildegarde et Maria prenant le thé avec l’une d’elles et recevant, sérieuses et attentives, tout ce très précieux enseignement. Et les voilà qui partagent toutes les trois, en riant comme des folles, la tisane des tisanes, celle qui donne l’immortalité, bien entendu.

Heureusement il existe des conteuses pour les voir et raconter un peu leur présence parmi nous. Sincèrement, vous imaginez-vous encore sans cette ouverture de l’esprit ?

 

Voilà quelles sont mes songeries, quand je paresse un peu sur mon fauteuil, en attendant que tiédisse la tisane dorée qui fume dans la tasse de porcelaine fleurie et que je laisse toute liberté à mon imagination de m’emmener où elle le désire.

Voilà qui est fait

Je la bois à vous, à votre joie, à la vie

 

la gaillarde conteuse

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Le jardin du 30 Septembre

Publié le par Patricia Gaillard


 

Le jardin du 30 Septembre

 

Et voici le dernier jour de Septembre, Octobre attend sur le seuil, prêt à sauter dans le paysage. C’est surtout aux fleurs que l’on voit l’épuisement des végétaux d’été, les plants de zinnias, de dahlias, de cosmos, d’œillets d’Inde arborent de nombreuses fleurs fanées qui contiennent une multitude de graines. Certaines fleurs, de plus en plus rares, sont encore très belles et ont mis un point d’honneur à magnifier leurs couleurs, j’en ai fait une récolte, comme vous pouvez le voir, et je vais en décorer notre maison. Nous sentons arriver cette fameuse nuit froide qui, chaque année - et à elle seule - marque la fin des fleurs. Le lendemain de cette nuit fatale, leurs massifs ronds et luxuriants ne sont plus qu’un amas confus de feuilles fondues et noires.

La fin des fleurs...

la fin de la belle saison

la fin d’une ambiance

Mais celle qui arrive sera charmante, avec les brumes humides, les soupes de potiron, les compotées de pomme et de poire, les promenades cols relevés, chaussures mouillées, joues roses, dans les sous-bois parfumés de feuilles et de champignons.

 

Ne regrettons rien, tout regret est vain

Suivons, tranquilles, le fil du temps

 

Tenez, je vous offre ces fleurs et leurs couleurs merveilleuses, pour terminer Septembre... en douceur

 

la gaillarde conteuse

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