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LA FEMME-SQUELETTE - conte inuit - version de Patricia Gaillard - 2ème partie

Publié le par Patricia Gaillard

LA FEMME-SQUELETTE - version de Patricia Gaillard 
(conte inuit)  

Is ont marché, marché comme ça jusqu'à la mer. Devant la mer il y avait une immense crevasse, ils sont descendus dans cette crevasse, descendus jusqu'au fond de la mer. Une fois arrivés là, les deux hommes-ours ont abandonné la fille et ils sont remontés. Elle est restée là, au fond de la mer, comme prisonnière de la mer...
Alors la mer l'a prise, comme une mère, et elle l'a bercée comme elle sait faire, avec son rythme, son souffle, sa respiration de mer. Elle l'a gardée ainsi longtemps. Elle l'a conservée. Et puis, avec sa patience sans fond et toutes ses petites bêtes, lentement, elle a défait tous les os de leur chair. Un jour la fille n'était plus qu'un squelette. Elle était devenue la femme-squelette.
Elle était toujours tournée vers une partie de la mer qui était plus lumineuse, alors la mer un jour l'a soulevée, l'a poussée et la femme-squelette s'est mise à marcher, à marcher, jusqu'à l'endroit lumineux, où il y avait une multitude de poissons brillants au ventre roux, au dos couleur d'émeraude. Puis elle est restée là, assise, dans la lumière de la mer.
Près de la surface il y avait une crique. Aucun pêcheur ne venait jamais y pêcher car un vieux savoir disait qu'il y avait des esprits dans cette crique. Un jeune pêcheur, beau et fort, qui aimait manger ces poissons au ventre roux et au dos couleur d'émeraude et qui n'avait pas peur des esprits, avait pris l'habitude de venir pêcher là, chaque jour, un peu avant la nuit. Il lançait sa ligne, très loin, la ligne se posait, l'hameçon descendait, descendait. Et ce soir-là, la ligne s'est posée, l'hameçon est descendu, descendu, jusqu'à la femme-squelette, qui était assise là, au fond de l'eau, dans les derniers rayons de la lumière... En arrivant sur ce squelette, l'hameçon a fait comme une aiguille, il est passé sous un os, puis sur un autre, puis sous le reste et à force il a tissé une espèce d'embrouillaminis invraisemblable entre tous ces os. 
Le pêcheur a cru qu'il avait une touche, une grosse touche, pour un pêcheur une grosse touche c'est tellement important. Il imaginait déjà un très gros poissons au ventre roux, au dos couleur d'émeraude, alors il a tiré, tiré, le noeud de fil a commencé à soulever la femme-squelette qui s'est mise à avancer, avancer et le jeune homme tirait, tirait, et la femme-squelette avançait, avançait...

À demain pour la suite...

Que ce jour vous soit doux, vous qui passez ici

 

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LA FEMME-SQUELETTE - conte inuit - version de Patricia Gaillard - 1ère partie

Publié le par Patricia Gaillard

LA FEMME-SQUELETTE - conte inuit - Version de Patricia Gaillard
1ère partie

 

Cet homme était chef de son village, il était vieux et sage, sa compagne était vieille aussi et très douce. Il avaient une fille, qui était déjà une jeune fille. Comme le voulait leur tradition, ils auraient aimé qu’elle choisissent un compagnon parmi les hommes de leur village, mais elle ne voulait pas. Pourtant ils venaient nombreux, grands, forts, jeunes, chasseurs, pêcheurs, mais elle n’en voulait pas. Ce n’était pas pourtant une fille capricieuse et on ne savait pas pourquoi elle les repoussait tous, elle refusait d’en parler. Son père, qui était chef et gardien des traditions, avait fini par se fâcher et lui avait dit « Je te donnerai au prochain qui se présentera à la porte de ma maison. » Elle ne répondit rien.
Un jour deux hommes arrivèrent dans le village, ils étaient frères, ils demandèrent à être reçus par le chef du village et arrivés chez le chef du village, ils demandèrent à être reçus par sa fille. Que lui ont-ils dit ? Que lui ont-ils demandé ? Je ne saurais le dire, mais elle accepta de s’en aller avec eux. Elle dit adieu à ses parents, n’emporta avec elle que son tambour en peau de caribou, car il était comme son coeur et elle partit, marchant dans la neige, entre les deux hommes, sans se retourner. Ils sortirent du village tous les trois, sans dire un mot. La fille marchait entre eux, serrée entre eux, elle n’aurait pu s’échapper et au fur et à mesure qu’ils avançaient, les deux hommes, au rythme de leurs pas, se métamorphosèrent en ours…

À demain pour la suite
Passez une bonne journée d’hiver…

 

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LA PETITE FILLE AUX ALLUMETTES (danemark) 3ème et dernière partie

Publié le par Patricia Gaillard

LA PETITE FILLE AUX ALLUMETTES   (danemark)  3ème et dernière partie
(version de Patricia Gaillard)

Le feu de l’allumette couvre d’un coup le mur d’une curieuse lumière puis le mur entier devient transparent, il montre une table bien mise, avec une nappe blanche, des assiettes de fine porcelaine au liseré d’or, des verres cristallins, des couverts argentés. Au beau milieu de la table une oie rôtie, dorée, juteuse, est entourée d’oignons et de pommes. Et voici que la bête fumante se lève de son plat, se met à danser sur la nappe, glissant gracieusement entre les assiettes et les verres. Elle tient dans ses deux pattes un couteau et une fourchette qu’elle tend à la pauvre fillette. Mais l’allumette s’éteint et tout disparaît d’un coup, comme un mirage. Sans réfléchir cette fois, la petite craque une troisième allumette. Elle est immédiatement transportée près d’un arbre de Noël qui resplendit de bougies, de fines décorations de nacre et de verre, de cœurs de sucre rose. L’enfant, émerveillée, tend sa main pour en décrocher un, l’allumette s’éteint, l’arbre monte vers le ciel et toutes ses lumières deviennent des étoiles. Une de ces étoiles redescend vers la terre, déroulant dans son sillage une longue traîne d’or. Sa grand-mère chérie, qui l’avait tant aimée, disait souvent qu’une étoile filante annonçait une mort. La quatrième allumette craque fort et voilà que l’enfant voit sa grand-mère devant elle…
« Grand-mère, tu es revenue, emmène-moi, car tu vas disparaître quand l’allumette s’éteindra, comme le poêle, comme l’oie, comme le sapin ! Emmène-moi ! » Elle allume l’une après l’autre toutes les allumettes qui lui restent, pour voir encore et encore sa chère grand-mère, puis elle fouille dans sa poche, il ne reste plus rien. Cette fois toute lumière est perdue...
Grand-mère alors prend sa petite-fille dans ses bras, tout contre elle, avec une grande douceur et elle l’emmène très haut, loin du froid, loin de la faim et bien loin du chagrin.

Le lendemain, quelques passants s’arrêtent devant le triste spectacle d’une petite fille, morte dans une encoignure de mur. On peut voir, près de sa menotte, un fagot d’allumettes consumées. Les gens trouvent étranges ces joues bien roses et ce sourire alors que le corps est raide et gelé sous la neige.
Comment pourraient-ils donc imaginer le voyage paisible d’une vieille femme et d’une enfant, main dans la main, au-delà des misères de la terre, dans un monde très doux nimbé de tiède lumière…

Que la journée vous soit douce et légère

 

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LA PETITE FILLE AUX ALLUMETTES (danemark) 2ème partie

Publié le par Patricia Gaillard

LA PETITE FILLE AUX ALLUMETTES (danemark) 2ème partie
(version de Patricia Gaillard)

Elle grelotte mais ne peut retourner chez elle, elle n'a pas récolté la moindre piécette et craint la colère de son père. Le froid vaut mieux que lui. Ses mains lui font mal jusque sous les ongles. De délicieux parfums  sortent des demeures autour d'elle, des fumets de viandes qui mijotent, des odeurs de gâteaux au four, qui torturent son ventre creux.
Elle aperçoit une encoignure, entre deux maisons, elle s'y glisse et s'y accroupit, peut-être y sentira-t-elle moins le froid. La neige a fait sur sa jolie chevelure et sur ses épaules comme un châle blanc, de cristaux légers, la rendant pareille à une fée de l'hiver. La nuit maintenant est bien noire, les réverbères sous la neige éclairent mal la ruelle, les vitrines s'éteignent peu à peu, les gens sont rentrés chez eux. Il ne reste que quelques passants qui avancent, penchés, sous la neige. Qui pourrait remarquer cette fillette, blottie dans ce coin de mur obscur...
Elle met ses mains dans ses poches et sent les allumettes. Si elle en craquait une, juste une ? Elle imagine déjà la bonne chaleur de la flamme. Alors elle n'hésite plus, en prend une entre ses doigts et la frotte contre le mur. Aussitôt une belle flamme jaune surgit dans un craquement, s'allonge, s'affine et brille comme un soleil dans l'ombre noire. Et cette chaleur soudaine et minuscule, quelle joie, quel bonheur ! Il lui semble maintenant voir devant elle un bon poêle en fonte noire, où trône une grosse bouilloire de cuivre. Elle étend ses pieds, pour les chauffer un peu contre le poêle, mais celui-ci disparaît et elle se retrouve dans le froid et le noir, un restant d'allumette noirci entre ses doigts... Cette fois elle n'hésite pas et prend une seconde allumette. Celle-ci craque avec panache, sa belle flamme éclairant tout alentour ! 

À demain pour la suite, passez une bonne journée...

la photo viendra plus tard dans la journée. Il a fait  -5 ce matin ici, je m'en vais à l'instant prendre des photos du gel !

la voilà !!

 

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