Voici le second texte de Colette, comme je l'ai promis. Il y en aura un chaque Mercredi durant l'été. Celui-ci est le tout début de son livre La maison de Claudine.
Il fait chaud ? Une petite sieste à l'ombre en laissant les mots de Colette vous bercer...
Reconnaissez qu'avec ses 8 ou 9 cm la bête, si elle est belle, est inquiétante !
la grande sauterelle !
Non non, je ne vous parle pas du film de Georges Lautner avec Mireille Darc, mais bien d'une vraie grande sauterelle. Je l'ai photographiée, c'est vrai, mais sachez que j'en ai peur. Cet insecte, craquant, anguleux et volant m'effraie carrément.
Il y a une quarantaine d'années, une nuit d'été et de vacances, je me suis réveillée et j'ai vu, sur la tête du lit de ma fille qui devait avoir 4 ou 5 ans, une de ces sauterelles. Elle était grosse comme un doigt et avait bien 10cm de long !! J'ai bien entendu secoué mon pauvre jardinier héberlué qui, sans discuter (le brave homme) a récupéré ce monstre pour le remettre dehors, dans son décor. J'ai eu du mal à me rendormir, pendant que mon jardinier re-sommeillait. Quant à ma fille - qui avait continué à dormir et ne s'était rendue compte de rien - elle a toujours eu une peur affreuse des grandes sauterelles...
Cane et poule d'eau ont chacune une progéniture toute neuve. Hier une dispute a éclaté sur l'étang. Chaque mère revendiquait ses droits et voulait sûrement que l'autre aille voir ailleurs. Quel boucan ! Les coin-coin enroués de l'une et les hoquets vibrants de l'autre faisaient une fanfare de campagne.
J'imaginais la conversation :
- Madame, cet étang est à moi, je vous prie de partir à la rivière, vous y serez très bien !
- Mais pas du tout, cet étang m'appartient, chaque année j'y ponds et y élève mes petits, c'est à vous de partir et vite !
Finalement il me semble que c'était plutôt ceci :
- Oh, la grosse, tu te tires et vite fait, le coin est à bibi et t'as pas intérêt à traîner par ici !
- La ferme, connasse, c'est toi qui vas te tirer, et vite, avec ton affreuse marmaille !
Ça a duré, duré, et je crois entendre que ce matin ça recommence.
La nature est cruelle...
Voici une brassée de fleurs des champs, pour célébrer ce dernier Dimanche de Juin. La nuit de la st Jean est passée, la plus longue de l'an. Savourons encore les jours qui s'étirent, les soirées douces, la chaleur qui lâche prise, la lune montante qui se découpe, croissant d'argent sur le ciel mat.
Nuits de Juin
L’été, lorsque le jour a fui, de fleurs couverte La plaine verse au loin un parfum enivrant ; Les yeux fermés, l’oreille aux rumeurs entrouverte, On ne dort qu’à demi d’un sommeil transparent.
Les astres sont plus purs, l’ombre paraît meilleure ; Un vague demi-jour teint le dôme éternel ; Et l’aube douce et pâle, en attendant son heure, Semble toute la nuit errer au bas du ciel