Ce matin, avant la pluie qui martèle les tuiles du toit, un joli criquet s'est posé sur la table du jardin. Vite, une photo, me suis-je dit. Mais je suis restée précautionneusement derrière lui car s'il avait sauté tout à coup, j'aurais poussé un de ces cris dont mon cher jardinier se moque bruyamment... Si j'aime observer les insectes, je n'aime pas pour autant les avoir sur moi !!
Alors là, pas du tout, du tout, du tout !!
Quels beaux dessins géométriques ce criquet, il ferait une belle broche... Mais non.
Invitons aujourd'hui le C, pour nous souffler quelques mots démodés, qui forment un texte difficile à saisir. Mais peut-être y arriverez-vous ? Vous gagnerez alors un catholicon. 😂
Un caloyer courte-botte et calembouriste, sortait d'une capucinière. Il croisa sur la route, bordée de convolvulus, une carogne crapoussine , vêtue d'un canezou de castorine. Elle lui proposa un capendu et un capron, mais il préférait chopiner, disant que les fruits étaient catholicons. Chacun en l'autre vit une chape-chute et l'histoire finit en conjungo !
Par ici la solution ! Caloyer : moine grec
Courte-botte : très petit
Calembouriste : qui fait des calembours
Capucinière : où vivent des capucins
Convolvulus : liseron
Carogne : femme débauchée
Crapoussine : mal faite
Canezou : corsage sans manches
Castorine : étoffe de poil de castor et de laine
Capendu : pomme rouge
capron : grosse fraise
Chopiner : boire souvent du vin
Catholicon : purgatif
Chape-chute : aubaine
Conjungo : mariage
la gaillarde conteuse
Pour réaliser ces textes je m'inspire de l'ouvrage LES MOTS DISPARUS - Pierre LAROUSSE
Au bout de ma rue Voltaire il y avait l'immense église, en grès rose d'Alsace. Je la connaissais bien pour jouer à cache-cache dans les nombreux recoins des murs et des portes. Je la connaissais aussi car parfois j'y entrais, intimidée par cet espace grandiose, par ce silence, cette odeur d'encens refroidi. J'y sentais le mystère et la tranquillité. Les cloches rythmaient nos existences et parfois leur chant me manque. Les messes me plaisaient bien moins, j'y accompagnais de temps en temps mes copines, mais il n'y avait plus alors ce que j'y trouvais seule. Et puis les prêtres me faisaient peur, leur sévérité, leur sérieux, leur croix sur leur soutane. Ils étaient nombreux dans la paroisse, mais un seul d'entre eux m'a laissé un souvenir ému. Il s'appelait l'abbé Ringenbach. Un homme trapu, en soutane usée, qui se déplaçait en moto et qui était constamment soucieux d'autrui. Pour nous les enfants, il était carrément merveilleux. Tous les Jeudis, dans une petite salle de la paroisse, nous étions ses invités. Il nous projetait, sur un petit écran blanc, les aventures de Sylvain et Sylvette en diapositives. Il nous lisait les bulles et nous adorions ! C'était notre cinéma. Brave homme, qui a sauvé ma foi enfantine, quand ses collègues ne m'inspiraient pas... A quinze ans j'ai quitté le quartier. Je regrette maintenant de n'être pas retournée le voir, l'aider peut-être un peu dans tout ce qu'il faisait pour les autres.
C'est étrange comme la bonté des êtres d'autrefois nous apparaît quand l'âge avance. Il y a tant de personnes qu'on aimerait remercier s'ils étaient encore de ce monde.
Empressons-nous de remercier ceux qui en sont encore !
Eh oui, voici une Gaillarde. Celle-ci ne conte pas (du moins on ne l'entend pas) mais elle compte beaucoup dans notre jardin de rocaille. Ses teintes si vives et gaies rappellent les tissus Madras, ce coton tissé doux et agréable de Louisiane, des Antilles, de Guyane.
Les jours sans soleil (nombreux cet été) elle flamboie, même dans la grisaille, l'obscurité et la pluie.
Elle est une artiste parmi les fleurs
Et son costume haut en couleurs
Offre au regard joie et bonheur
Acceptez ce petit cadeau du cœur ❤️
la gaillarde conteuse
PS : petite confidence : 7 Juillet, mon cher jardinier et moi sommes unis depuis 52 ans...